Les manifestations de reviviscence sont des indicateurs clés du trouble de stress post-traumatique. Quels en sont les symptômes et les origines ? Explications fournies par Marine Dupont, psychologue clinicienne experte en psychotraumatologie au centre hospitalier d’Arras et responsable de projet au Centre national de ressources et de résilience (Cn2r).
« Récemment, un simple pyjama bleu à rayures, semblable à celui que mon père portait, a déclenché chez moi un flash-back. Tout allait bien jusqu’à ce que je vois ce vêtement qui m’a instantanément ramenée à l’âge de 12 ans, observant depuis l’entrebâillement de ma porte mon père se diriger vers la salle de bain », partage Miranda Overett dans le Huffington Post. La prévalence du trouble de stress post-traumatique est estimée entre 5 et 12 % dans la population globale. Ce trouble, qui ne concerne pas uniquement les victimes de terrorisme ou les soldats, se manifeste en particulier par des reviviscences de l’événement traumatisant…
Le trouble du stress post-traumatique apparaît après avoir été témoin ou victime directe d’événements dramatiques tels que des attentats, prises d’otages, catastrophes naturelles, accidents de la circulation, violences physiques ou sexuelles. « Il est aussi possible de développer ce trouble en étant exposé de manière répétée à des détails traumatisants, ajoute Marine Dupont, psychologue. Par exemple, les policiers ou les soignants qui entendent constamment des récits d’événements traumatisants. »
Les symptômes du TSPT provoquent une détresse psychologique intense et détériorant significativement la qualité de vie des personnes affectées. « La souffrance est si intense qu’elle peut augmenter le risque de dépendance à des substances ou de suicide », précise l’Inserm.
Hypervigilance, reviviscence, cauchemars : quels sont les quatre principaux symptômes du stress post-traumatique ?
Le trouble du stress post-traumatique se caractérise par quatre principaux types de symptômes :
- des reviviscences de l’événement traumatisant;
- des comportements d’évitement;
- une altération négative des pensées et de l’humeur;
- une hypertonie neurovégétative (hypervigilance).
Les reviviscences de l’événement traumatisant
Les reviviscences se manifestent par des flash-backs de l’événement, des pensées intrusives et obsédantes liées à cet événement, ainsi que par des cauchemars récurrents.
« Il est normal d’expérimenter des reviviscences dans les jours suivant l’événement traumatisant, mais elles devraient normalement diminuer en intensité avec le temps, explique la psychologue. Toutefois, chez certains individus, ces symptômes persistent au-delà d’un mois et peuvent devenir chroniques, ce qui caractérise alors un trouble du stress post-traumatique. »
Les comportements d’évitement
Devant l’envahissement par des pensées intrusives et autres reviviscences, la personne va développer des mécanismes d’évitement, en esquivant les discussions, les lieux ou les personnes lui rappelant, de près ou de loin, le traumatisme.
L’hypertonie neurovégétative
Ceux qui souffrent du TSPT ressentent souvent un danger imminent, même en l’absence de menaces concrètes. Ils se trouvent dans un état d’« hyper-éveil » permanent, caractérisé par une hypervigilance, des sursauts à des bruits soudains, et une vérification constante de leur environnement. Cela peut aussi inclure de l’irritabilité, des troubles du sommeil et des difficultés de concentration.
Les altérations négatives de la cognition et de l’humeur
Enfin, la personne affectée peut ressentir de la culpabilité et de la honte. Elle peut développer des croyances négatives persistantes sur elle-même et sur le monde – comme « je suis faible », « on ne peut faire confiance à personne » – et être incapable d’éprouver des émotions positives.
Reviviscence : quand et comment une mémoire traumatique est-elle réactivée ?
Le trouble du stress post-traumatique se caractérise notamment par un trouble de la mémoire : les symptômes de reviviscence, également appelés « syndrome de répétition ». « Les reviviscences sont des flash-backs – des images, des sons, des odeurs – qui rappellent la scène traumatisante, explique Marine Dupont. Elles sont extrêmement envahissantes et replongent la victime dans l’état émotionnel vécu lors de l’événement, ce qui se manifeste physiquement par une accélération du rythme cardiaque, des tremblements, des sueurs froides… »
Le souvenir traumatique peut être réactivé par le moindre stimulus évoquant l’événement.
« Il y a des déclencheurs macroscopiques facilement identifiables – par exemple, après une agression sexuelle, le mot ‘viol’ peut réactiver ce souvenir traumatisant – mais aussi de nombreux déclencheurs microscopiques plus difficiles à repérer, détaille la psychologue. Par exemple, un de mes patients attaqué par des chiens lors d’une randonnée ressentait désormais une forte anxiété à la tombée de la nuit. En discutant, j’ai découvert que son agression avait eu lieu précisément à ce moment-là. Son cerveau avait enregistré cette période comme potentiellement dangereuse. »
Les reviviscences sont extrêmement pénibles à vivre au quotidien. « On lutte beaucoup, témoigne Jennifer, une patiente du Centre national de ressources et résilience (Cn2r). On dépense beaucoup d’énergie à repousser ces pensées intrusives et plus on s’épuise, plus il y a de reviviscences et plus on essaie de les éviter. Cela crée un cercle vicieux qui peut conduire à des niveaux de souffrance extrêmes, aboutissant parfois à des addictions ou au suicide, simplement pour trouver un moyen de tout arrêter. »
Il est crucial que cette souffrance soit prise en charge et que la personne soit accompagnée par un professionnel de santé, psychiatre ou psychologue, spécialisé dans cette pathologie.
TSPT et reviviscence : quels sont les traitements ?
La première approche dans le traitement du trouble du stress post-traumatique consiste en une psychothérapie, notamment par des thérapies comportementales et cognitives axées sur le traumatisme et par l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) qui combine l’activation du souvenir traumatique avec des mouvements des yeux.
Lorsque les symptômes s’avèrent particulièrement envahissants – reviviscences, cauchemars récurrents, troubles du sommeil – un traitement médicamenteux peut être envisagé. « L’objectif est de gérer les insomnies dues aux cauchemars, de rétablir un sommeil de qualité et de traiter d’éventuelles comorbidités (dépression, addiction, risques suicidaires). On utilise généralement des antidépresseurs bien tolérés et recommandés pour ces situations », explique le Pr Wissam El-Hage, psychiatre.
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