Définition : de quoi s’agit-il avec la maladie de Bowen ?
La maladie de Bowen constitue une lésion précancéreuse de la peau, selon les explications de Eve Maubec, professeure en dermatologie. « C’est un type spécifique de carcinome épidermoïde qui reste localisé à l’épiderme, et qui se développe majoritairement dans les zones exposées au soleil comme le visage, le cou et les mains. Toutefois, elle peut aussi apparaître dans des régions habituellement couvertes, y compris sur les muqueuses », précise-t-elle. Cette affection peut varier de simples rugosités cutanées peu visibles à des manifestations plus sérieuses comme la maladie de Bowen elle-même. Il est possible d’observer un carcinome épidermoïde sous une forme unique ou parfois multiple.
Quels sont les facteurs de risque liés à ce cancer de la peau ?
Divers facteurs de risque contribuent à l’apparition de la maladie de Bowen :
- L’exposition prolongée et répétée aux rayons UV, qu’ils soient naturels (soleil) ou artificiels (cabines UV) ;
- Les personnes avec un phototype de peau clair, particulièrement les types I ou II selon la classification de Fitzpatrick, sont plus susceptibles de développer cette pathologie ;
- L’âge avancé ;
- Des antécédents de cancer cutané ;
- Une immunodépression, notamment chez les personnes greffées ou sous traitement immunosuppresseur ;
- Une infection par le papillomavirus (HPV) ;
- Une exposition professionnelle à des substances nocives comme l’arsenic, souvent chez certains travailleurs de la vigne, ou à d’autres agents cancérigènes chimiques et radiations ionisantes.
« Les individus fortement exposés au soleil comme les agriculteurs ou les marins, ainsi que ceux pratiquant régulièrement des activités en extérieur sont particulièrement vulnérables », ajoute la spécialiste. Elle souligne également que les personnes immunodéprimées, comme les transplantés, ont un risque accru de voir leur maladie de Bowen évoluer vers un carcinome invasif.
Manifestations et symptômes de la maladie de Bowen
Les lésions caractéristiques de cette pathologie dermatologique peuvent être confondues avec d’autres affections cutanées.
« Le carcinome épidermoïde in situ se manifeste sous la forme d’une tache rouge, généralement asymptomatique, recouverte de squames et bien délimitée. Elle persiste sur le long terme et s’agrandit progressivement », précise la Pre Eve Maubec.
Elle ajoute : « Contrairement au psoriasis ou à l’eczéma, la maladie de Bowen tend à rester stable et se présente souvent comme une plaque unique dans une zone exposée au soleil. Cependant, il peut être difficile de la distinguer d’un carcinome basocellulaire, ce qui nécessite l’avis d’un spécialiste. »
Localisations du carcinome épidermoïde in situ : génitale ou cutanée
Bien que le carcinome épidermoïde in situ se trouve principalement sur les parties du corps exposées au soleil, il peut aussi affecter les muqueuses génitales, notamment la région vulvaire chez la femme et le pénis chez l’homme, ainsi que la muqueuse buccale.
Chez la femme, des démangeaisons légères et localisées peuvent indiquer la maladie, qui se manifeste par des plaques épaisses et blanches ou rouges sur la vulve. Chez l’homme, notamment chez ceux non circoncis, des zones épaisses de couleur blanc-gris peuvent apparaître sur le pénis. Les localisations génitales de la maladie de Bowen sont souvent associées à une infection par le papillomavirus.
Quant à la muqueuse buccale, on peut observer des plaques rouges bien délimitées, parfois ponctuées de points blancs.
Diagnostic de la maladie de Bowen
« Le diagnostic de la maladie de Bowen repose principalement sur un examen clinique approfondi et peut être confirmé par une biopsie cutanée ou par des techniques d’imagerie cutanée non invasive », explique le Pr Maubec. Elle souligne l’importance de prendre en compte l’historique médical du patient et son exposition au soleil pour orienter correctement le diagnostic.
Traitement de la maladie de Bowen
Plusieurs options thérapeutiques peuvent être envisagées. « Bien que la photothérapie dynamique soit moins efficace pour éliminer les lésions, l’exérèse chirurgicale est souvent préférée. Elle est réalisée sous anesthésie locale et présente un taux de guérison de 97 %, mais peut être complexe selon les zones traitées. Alternativement, le fluorouracile, une chimiothérapie topique appliquée quotidiennement sur les lésions pendant quatre semaines, est également une option, bien qu’irritante, mais efficace dans 86 % des cas », précise la spécialiste.
Prévention : quelles mesures adopter ?
« Pour prévenir les lésions induites par les UV, il est conseillé d’éviter l’exposition au soleil durant les heures les plus à risque, de 10 h à 16 h, ou lorsque l’indice UV est supérieur ou égal à 3 », recommande la spécialiste. Elle insiste sur l’importance d’éviter les cabines à UV, de porter des vêtements protecteurs et d’appliquer régulièrement un écran solaire adéquat.
Prognostic de la maladie de Bowen
La maladie de Bowen est généralement de très bon pronostic, surtout si elle est prise en charge précocement. « Un traitement précoce simplifie généralement la gestion de la maladie », affirme la spécialiste.
Évolution de la maladie de Bowen
Sans traitement, un carcinome épidermoïde in situ peut évoluer vers un carcinome invasif. « L’évolution de ces lésions varie considérablement d’une personne à l’autre, mais sans traitement, les cellules cancéreuses peuvent traverser la membrane basale et devenir invasives, avec un risque faible mais réel de métastase. Chez les personnes immunodéprimées, cette progression peut être rapide, d’où l’importance de consulter rapidement en cas de lésion suspecte et de se protéger efficacement des rayons UV », conclut le Pr Maubec.
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