L’ostéopénie, qui est un stade préliminaire de l’ostéoporose, se manifeste par une réduction de la densité osseuse. Comment peut-on la détecter ? Quelles sont les approches de traitement ? Explications avec le Dr Laurent Grange, rhumatologue au CHU de Grenoble Alpes et auteur du livre Stop à l’arthrose.
Environ 4 millions de Français, soit 5,5 % de la population, sont touchés par l’ostéoporose. Cette affection du squelette, caractérisée par une réduction de la masse osseuse, est à l’origine d’environ 490 000 fractures annuelles en France. « On prévoit que 40 % des femmes âgées de 50 ans subiront une fracture due à l’ostéoporose avant la fin de leur vie, contre 14 % pour les hommes, indique le Dr Laurent Grange. Ces statistiques pourraient doubler dans les cinquante prochaines années avec l’augmentation de l’espérance de vie. »
L’ostéopénie est caractérisée par une diminution modérée de la densité osseuse.
« C’est un état qui précède l’ostéoporose, clarifie le rhumatologue. Il représente donc un stade antérieur à l’ostéoporose, une pathologie où la diminution de la qualité et de la quantité de l’os entraîne une fragilité accrue et un risque plus élevé de fractures. »
Quelle est la différence entre ostéopénie et ostéoporose ?
La principale différence réside dans le niveau de perte de densité minérale osseuse, évaluée par l’ostéodensitométrie.
L’ostéoporose affecte une femme sur trois après 50 ans et un homme sur cinq. « Les hommes sont moins affectés par cette maladie et les fractures qui y sont liées pour deux raisons principales : la première est que, bien que leur densité osseuse soit similaire à celle des femmes, leurs os sont plus larges et possèdent une microarchitecture différente, explique l’Inserm. De plus, bien que leur métabolisme osseux soit également influencé par les œstrogènes, produits à partir des hormones masculines (testostérone), ils ne subissent pas de changement hormonal abrupt comme la ménopause : leur masse osseuse diminue donc plus lentement avec le temps, et plus tardivement que chez les femmes. »
Quels sont les symptômes ?
L’ostéopénie est généralement asymptomatique. « C’est une pathologie silencieuse, confirme le spécialiste. Elle est souvent détectée seulement au stade de l’ostéoporose, lors d’une fracture résultant d’un traumatisme léger, comme une simple chute de sa propre hauteur. »
Certains événements, comme une fracture du poignet à 50 ans ou une diminution de la taille, devraient cependant servir d’alerte et nécessitent un examen d’ostéodensitométrie. « La fracture du poignet est souvent un indicateur d’ostéoporose chez la femme de 50 ans, tout comme la fracture vertébrale à 70 ans ou celle du col du fémur à 80 ans. Une fracture peut en entraîner d’autres. On parle alors de cascade fracturaire. Un traitement de fond est alors nécessaire pour améliorer la qualité et la quantité osseuse. »
Quelles sont les causes de cette perte de densité osseuse ?
Plusieurs facteurs contribuent à la déminéralisation de l’os :
- le vieillissement ;
- la ménopause ;
- les carences en calcium et vitamine D ;
- la prise prolongée de corticoïdes ;
- la sédentarité.
« L’os est un tissu vivant, rappelle le Dr Laurent Grange. Il se renouvelle constamment par des cycles successifs de résorption (dégradation de l’os ancien) et de formation de nouvel os. L’ostéoporose apparaît lorsque le remodelage osseux s’intensifie et que la résorption dépasse la formation, ce qui se produit notamment après la ménopause, en raison d’une carence en œstrogènes. »
Comment la diagnostiquer ?
Le diagnostic se base sur une densitométrie osseuse (ou ostéodensitométrie), un examen radiographique indolore qui mesure la densité minérale osseuse. « L’ostéodensitométrie évalue la quantité d’os au niveau du col du fémur et du rachis lombaire, et parfois du poignet », ajoute le Dr Laurent Grange.
Comment interpréter les résultats d’une ostéodensitométrie ?
Les résultats sont exprimés en T-score :
- T-score > -1 : normal ;
- T-score entre -1 et -2,5 : ostéopénie ;
- T-score < -2,5 : ostéoporose.
« Un T-score supérieur à -1 est considéré comme normal ; un T-score entre -1 et -2,5 indique une ostéopénie et un T-score inférieur à -2,5 signifie une ostéoporose », explique le médecin.
L’ostéopénie est-elle réversible ? Quels sont les traitements ?
Dans la plupart des cas, l’ostéopénie ne requiert pas de traitement médicamenteux, sauf si le risque de fracture est élevé. « L’outil FRAX® évalue le risque individuel de fracture sous forme de probabilité sur dix ans, précise le spécialiste. Si le risque fracturaire théorique est dépassé, un traitement peut être envisagé. Sinon, une surveillance et l’adoption de bonnes pratiques hygiéno-diététiques sont recommandées. Un bilan sanguin peut également être prescrit pour s’assurer que les niveaux de vitamine D et de calcium sont adéquats. »
En cas d’ostéoporose ou de risque fracturaire élevé, plusieurs traitements ont prouvé leur efficacité. « Il est possible de prescrire des bisphosphonates qui réduisent la résorption osseuse et diminuent le risque de fractures, ou du raloxifène, explique le spécialiste. Il y a aussi une biothérapie, le dénosumab, un anticorps ciblant le RANKL. Enfin, des médicaments ostéoformateurs, notamment le tériparatide, sont aussi utilisés dans le traitement de l’ostéoporose. »
Quels aliments privilégier en cas d’ostéopénie ?
Une bonne hygiène de vie est cruciale pour prévenir l’ostéoporose : arrêt du tabac, modération de l’alcool, régime alimentaire équilibré et activité physique régulière. « Il est recommandé d’assurer un apport adéquat en calcium, en consommant notamment des produits laitiers, des légumes verts comme le brocoli, ou des fruits à coque comme les amandes, et de s’exposer au soleil 15 à 20 minutes par jour, bras et visage découverts (sauf entre 12 h et 16 h), pour favoriser la synthèse de la vitamine D sur une peau jeune », conseille le Dr Laurent Grange.
Ostéopénie : quels sports pratiquer ?
La sédentarité est un facteur de risque pour le développement de l’ostéopénie, la pratique régulière d’une activité physique est donc indispensable ! Elle aide à maintenir la densité osseuse, à renforcer les muscles, et surtout à prévenir les chutes et les fractures. « Optez pour des sports à impact modéré tels que la marche, le tennis, la course à pied ou la danse, afin de stimuler la régénération osseuse », conclut le médecin.
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