La maladie de Scheuermann est une affection qui affecte la croissance des vertèbres, provoquant une déformation de la colonne vertébrale. Le Pr Sébastien Pesenti, expert en chirurgie orthopédique, nous éclaire sur ce sujet.
Considérée comme une pathologie peu fréquente, la maladie de Scheuermann se place juste derrière la scoliose en termes de fréquence des déformations vertébrales chez les adolescents, touchant 1 à 5 % d’entre eux.
Aussi appelée dystrophie rachidienne de croissance, cette maladie porte le nom du Dr Holger Werfel Scheuermann qui l’a identifiée en 1921. Elle est caractérisée par un trouble de la croissance des corps vertébraux, principalement chez les adolescents, majoritairement chez les garçons, et se manifeste généralement entre 13 et 16 ans.
« La maladie engendre une déformation progressive des vertèbres thoraciques, qui adoptent une forme cunéiforme, accentuant ainsi la cyphose thoracique, » explique le Pr Sébastien Pesenti, chirurgien orthopédique spécialisé en pédiatrie à l’hôpital La Timone à Marseille et secrétaire général de la Société française d’orthopédie pédiatrique.
Il ajoute : « Dans une colonne vertébrale saine, vue de profil, on observe une lordose lombaire et une cyphose thoracique normales. Dans le cas de la maladie de Scheuermann, on note une hypercyphose, soit une exagération de cette courbure. »
Dos courbé, douleurs : quels sont les symptômes ?
Les symptômes fonctionnels liés à l’hypercyphose thoracique incluent notamment :
- des douleurs au sommet de la courbure (par exemple, lors d’appuis prolongés contre un dossier) ;
- des douleurs lombaires.
Pour contrebalancer l’hypercyphose thoracique et maintenir un tronc relativement droit, la lordose lombaire s’intensifie, provoquant une contraction importante des muscles érecteurs du rachis, ce qui peut causer des douleurs, précise Pr Sébastien Pesenti.
Dans des cas moins sévères, l’hypercyphose thoracique peut rester asymptomatique et passer inaperçue.
Quelles sont les causes de cette dystrophie rachidienne de croissance ?
La cause exacte de cette maladie n’est pas encore clairement définie, mais une prédisposition génétique avec une transmission autosomique dominante est souvent suspectée.
Les micro-traumatismes répétés liés à des sollicitations mécaniques fréquentes du rachis peuvent également jouer un rôle dans son développement. « Dans le milieu sportif de haut niveau, différents types de sollicitations mécaniques peuvent induire des lésions comparables à celles observées dans la maladie de Scheuermann chez les jeunes athlètes, » indique la Société française d’orthopédie pédiatrique.
Radiographie ou IRM : comment diagnostiquer la maladie de Scheuermann ?
Le diagnostic de la maladie de Scheuermann s’appuie sur un examen clinique approfondi complété par une radiographie ou une IRM. « Il est crucial de différencier la maladie de Scheuermann de l’hypercyphose posturale, typique de l’adolescent qui se tient voûté, souligne Pr Pesenti. En demandant au patient de lever les bras au maximum, si la cyphose thoracique s’aplatit complètement, cela n’indique pas la présence de la maladie de Scheuermann.
En cas de suspicion de dystrophie rachidienne de croissance, je préconise une IRM pour une meilleure visualisation des disques intervertébraux aplatis, des plateaux vertébraux irréguliers et parfois des hernies intravertébrales, » ajoute-t-il.
Traitement : comment soigner la maladie de Scheuermann à l’adolescence ? Et chez l’adulte ?
La prise en charge thérapeutique varie selon le degré de déformation, les symptômes et l’âge du patient. « Si la cyphose thoracique est modérée et ne provoque aucun symptôme, un traitement peut ne pas être nécessaire, » confirme le chirurgien orthopédique.
La décision de traiter dépend de l’évolution de la déformation et de l’âge du patient. Par exemple, une cyphose stable de 50° chez un jeune adulte à la fin de sa croissance peut ne pas nécessiter d’intervention. En revanche, une cyphose du même degré mais progressive chez un adolescent en pleine puberté mérite une attention particulière, explique Pr Sébastien Pesenti.
Traitement orthopédique par corset
Pour les adolescents, le traitement initial peut consister en le port d’un corset pendant la journée ou la nuit. « L’objectif est de stabiliser la déformation, indique l’expert. Le corset maintient la colonne en hyperextension, diminuant ainsi les contraintes sur sa partie antérieure et favorisant une croissance plus équilibrée. »
Traitement chirurgical
Une intervention chirurgicale peut être envisagée pour les cas les plus sévères, évolutifs, douloureux ou entraînant une déformation esthétique importante. « La décision d’opérer dépend grandement des conséquences fonctionnelles de la maladie de Scheuermann. L’opération est complexe et comporte des risques de complications. Si un adulte présente une déformation modérée qui ne l’affecte pas dans sa vie quotidienne, il n’est pas nécessaire d’intervenir. Toutefois, si la déformation cause des douleurs ou un handicap, une chirurgie peut être envisagée, » précise le spécialiste.
Quelles sont les séquelles possibles à l’âge adulte de la maladie de Scheuermann ?
Les séquelles de la maladie de Scheuermann peuvent inclure des douleurs chroniques du dos, une raideur dorsale ou une dégénérescence précoce des disques. La déformation peut également causer des problèmes esthétiques ou fonctionnels, tels que la fatigue lors de la station debout ou une mauvaise posture, avec des répercussions tant physiques que psychologiques.
Maladie de Scheuermann : quels sports pratiquer ?
La pratique sportive est possible et même recommandée, à condition qu’elle soit adaptée à la sévérité de la déformation et au niveau de douleur du patient. « Il faut éviter les sports qui augmentent la flexion du rachis, tels que l’aviron, l’haltérophilie ou encore le CrossFit, » conseille le spécialiste. En revanche, la natation, particulièrement le dos crawlé, ainsi que les sports en extension comme le volley-ball et le basket-ball, sont fortement recommandés.
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