La constipation du nourrisson est une raison commune de visite chez le pédiatre, souvent due à une déshydratation et à une alimentation faible en fruits et légumes. Voici une explication et des conseils pour la prévenir, partagés par le Dr Thomas Dailland, pédiatre au centre hospitalier de Saint-Malo et co-auteur du livre Mon enfant est malade, je fais quoi ?
La constipation est une préoccupation courante chez les parents et un motif de visite fréquent chez le pédiatre. Ce ralentissement du transit est marqué par une réduction de la fréquence des selles et des difficultés à les éliminer.
« Dans le cas des nourrissons, la fréquence des selles peut varier considérablement, explique le Dr Thomas Dailland. Il est important de distinguer la constipation des bébés allaités naturellement de ceux qui sont nourris au biberon. En effet, pour les bébés allaités, il est commun que les selles soient espacées sans que cela pose problème ; tandis que pour les bébés au biberon, les selles peuvent être plus fréquentes. »
Parfois, la constipation peut se manifester par une diarrhée peu abondante et rare : c’est la fausse diarrhée de constipation. « Ces selles liquides résultent d’une accumulation de selles au-dessus d’un bouchon fécal », détaille le pédiatre.
Symptômes : comment reconnaître si mon bébé est constipé ?
En plus de la réduction de la fréquence des selles, la constipation chez le nourrisson se manifeste souvent par des symptômes tels que :
- Des douleurs abdominales ;
- Un ventre gonflé ;
- De l’irritabilité ;
- Des selles dures et en petites boules.
Quelles sont les causes de la constipation ?
Chez les jeunes enfants, la constipation est généralement fonctionnelle, c’est-à-dire qu’elle n’est pas due à une maladie spécifique. Souvent, des conseils en matière d’hygiène et de diététique suffisent pour remédier à ce problème.
La constipation peut être encouragée par un manque d’hydratation (si l’enfant ne boit pas assez d’eau) et une alimentation faible en fruits et légumes lors de la diversification alimentaire, affirme le Dr Thomas Dailland.
Il y a aussi des facteurs psychologiques importants pouvant influencer le transit, tels que l’anxiété, l’adaptation à la crèche, ou la peur d’utiliser les toilettes, notamment à l’école.
Quand s’inquiéter de la constipation chez le bébé ?
Si la constipation est souvent temporaire et se résout généralement avec des mesures diététiques adéquates, il est essentiel de consulter un pédiatre ou un médecin généraliste en cas de ralentissement du transit avec des selles espacées de plusieurs jours, des douleurs abdominales, un ventre gonflé et tendu, ou des vomissements.
« En cas de constipation persistante, une consultation médicale est cruciale pour exclure toute maladie sous-jacente, partage le Dr Dailland. L’examen clinique peut aussi révéler une possible inflammation de l’anus, nommée « anite », qui peut causer de la douleur chez l’enfant. Le traitement pour une anite inclura l’application d’une crème cicatrisante, complétée par des médicaments laxatifs pour accélérer le transit. »
Quelles sont les complications de la constipation chez le bébé ?
Même si la constipation peut être gênante et douloureuse pour le jeune enfant, elle ne cause généralement pas de complications graves. « Le passage de selles dures peut parfois entraîner des fissures anales, des saignements ou de l’encoprésie, explique le spécialiste. L’encoprésie est une perte involontaire de selles souvent liée à une constipation chronique. Il est donc crucial de mettre en œuvre un traitement régulateur du transit. En parallèle, il est important de soutenir l’enfant et sa famille car il existe souvent un aspect psychologique significatif. Le soutien d’un psychologue peut également être envisagé. »
Comment débloquer et soulager un bébé constipé ?
Pour un bébé, de simples mesures d’hygiène et diététiques – une alimentation riche en fibres, une hydratation adéquate et régulière – peuvent rapidement résoudre un épisode de constipation. Voici quelques conseils pour soulager votre enfant.
L’hydrater régulièrement
Pour ramollir les selles et faciliter leur passage, il est essentiel que votre enfant reste bien hydraté. « Il est possible de remplacer son eau habituelle par une eau riche en magnésium, comme l’Hépar, bien que l’efficacité de cette approche ne soit pas entièrement prouvée, c’est une pratique courante, explique le spécialiste. Cependant, les parents doivent s’assurer de ne pas dépasser l’équivalent d’un biberon par jour (environ 220 ml pour un bébé de 4 mois et plus). » Ces eaux riches en magnésium peuvent être introduites après l’âge de 3 mois, sur recommandation d’un médecin.
Offrir une alimentation riche en fibres
Lorsque l’enfant grandit, la diversification alimentaire devient un outil précieux pour combattre la constipation. Vous pouvez augmenter la quantité de fibres dans son régime en favorisant les céréales semi-complètes (riz, pâtes, farines) et les fruits et légumes (purée de haricots verts, compote de pommes et pruneaux, etc.).
Par contre, limitez les aliments qui peuvent constiper comme le riz, les carottes, la banane et le coing.
Incorporer des pruneaux dans son alimentation
Oui, c’est un fait : les pruneaux, riches en fibres, sont réputés pour leurs propriétés laxatives ! Alors n’hésitez pas à en offrir à votre enfant ou à les intégrer dans une compote de fruits.
Masser son ventre
Un massage abdominal peut aider à stimuler le transit de votre enfant. Par exemple, couchez votre bébé sur le dos et massez-lui doucement le ventre dans le sens des aiguilles d’une montre avec la paume de la main. Vous pouvez aussi plier ses genoux et remonter ses jambes vers son ventre en effectuant de légers mouvements, comme si vous lui faisiez faire du vélo.
Encourager l’activité physique
L’activité physique joue un rôle clé dans la lutte contre la constipation, multipliez donc les occasions de faire des activités physiques avec votre enfant : jouez à cache-cache, laissez-le explorer à quatre pattes, etc.
Utiliser des laxatifs
En complément des mesures hygiéniques et diététiques, un traitement médicamenteux laxatif peut être prescrit par le médecin. « En général, on évite les suppositoires qui peuvent aggraver l’inflammation de l’anus et on privilégie plutôt des laxatifs à base de lactulose, précise le pédiatre. En parallèle, je recommande souvent à l’enfant de tenir un petit calendrier où il colle une pastille colorée chaque fois qu’il va aux toilettes. Cela permet de suivre l’évolution de la constipation et de réévaluer si nécessaire le traitement. L’objectif est qu’il aille à la selle au moins une fois par jour. »