La cheville, une articulation qui ne tolère pas les torsions violentes, peut se fracturer sous l’effet d’une contrainte excessive, notamment au niveau de la malléole. Le processus de rééducation commence habituellement après une période d’immobilisation de six semaines. Explications avec le Pr Didier Mainard, président de l’Association française de chirurgie du pied.
La constitution spécifique de la cheville en fait un point de vulnérabilité, incapable de subir sans dommage une torsion soudaine. Une fracture peut facilement survenir, surtout au niveau de la malléole. Voici les informations essentielles à connaître.
L’articulation de la cheville est principalement conçue pour assurer la flexion et l’extension du pied pendant la marche ou la course. Ses capacités de mouvement latéral et de rotation sont très restreintes.
Les deux malléoles, terminaisons du tibia et du péroné, encadrent un os nommé astragale
Cette configuration crée « une pince très ajustée, offrant peu de marge de mouvement », selon le Pr Didier Mainard. Cela explique pourquoi les fractures sont souvent causées par une torsion violente ou un basculement de la cheville.
Exemple typique : trébucher sur une marche ou un rebord de trottoir et chuter avec le pied en mauvaise position. De plus, dans les sports à risques comme le football ou le rugby, où les changements de direction rapides sont fréquents et les chaussures à crampons peuvent immobiliser le pied au sol, les fractures sont courantes.
Identification d’une fracture de la cheville : quels sont les symptômes ?
La douleur est le premier indicateur. Il arrive que certains patients entendent un son de craquement et observent un gonflement de la cheville.
Dans la plupart des cas, il est impossible de poser le pied au sol, contrairement à une entorse. Cette incapacité est un signe d’alerte, explique le Pr Didier Mainard.
Comment diagnostique-t-on une fracture de la cheville ?
En examinant délicatement la cheville, le médecin peut détecter une forte douleur au niveau de la fracture et éventuellement une déformation. Une radiographie est systématiquement requise pour confirmer le diagnostic, avec des prises de vue de face et de profil.
Le scanner est utilisé uniquement dans les situations complexes, notamment si la fracture est accompagnée d’une luxation, l’astragale étant alors déplacé.
Est-il nécessaire d’opérer une fracture de la cheville ?
Si l’os n’est pas déplacé, une opération chirurgicale n’est pas automatique. « Un traitement orthopédique simple peut être envisagé. Toutefois, nous concluons un accord avec le patient : il ne doit pas poser le pied au sol ! », indique le Pr Mainard.
Peut-on marcher avec une fracture de la cheville ?
La cheville est immobilisée pendant six semaines dans une botte en résine. Le patient doit se déplacer à l’aide de béquilles car il lui est interdit de poser le pied au sol.
Une radiographie est réalisée quelques jours après pour s’assurer que l’os est correctement positionné. En cas de douleur ou de gonflement du pied, il est crucial de consulter immédiatement.
Pour une fracture déplacée, une intervention chirurgicale devient nécessaire. « Il n’y a pas d’autre option. Si la fracture n’est pas réduite et que la cheville n’est pas stabilisée adéquatement, l’arthrose se développera inévitablement en quelques années », prévient le Pr Mainard.
Fracture de la cheville : différentes méthodes chirurgicales selon les cas
Pour fixer la malléole externe, le chirurgien pose une plaque. Pour la malléole interne, un vissage ou un cerclage est nécessaire.
Lorsque la membrane interosseuse reliant le tibia au péroné est endommagée, « l’espace créé est réduit à l’aide d’une des vis de la plaque pour favoriser une cicatrisation optimale », détaille le chirurgien.
Après l’opération, le patient est immobilisé dans une botte en résine pour six semaines. Dans certains cas, une simple attelle peut remplacer cette immobilisation, et le patient peut commencer à mettre du poids sur la cheville après trois semaines. « Cela permet d’accélérer la rééducation », note le chirurgien, bien que cette approche ne soit applicable qu’à des fractures simples.
En général, le matériel d’ostéosynthèse (vis et plaques) posé lors de l’opération est conservé chez une personne âgée, sauf si cela cause des gênes. « Chez un jeune patient, il est courant de retirer ce matériel, bien qu’il n’y ait pas d’obligation en la matière », ajoute le chirurgien. Dans ce cas, une deuxième opération est nécessaire au moins six mois après la première.
L’utilisation d’anticoagulants est essentielle lors de l’immobilisation de la cheville
Tant que la cheville reste immobilisée et que le patient limite ses déplacements, l’utilisation d’anticoagulants est « impérative », affirme le Pr Mainard. Ces médicaments, administrés par voie orale ou en injections quotidiennes, aident à prévenir les risques de phlébite (formation de caillots sanguins dans une veine).
En vidéo : Combien de temps prend la consolidation d’une fracture ?
Durée de guérison d’une fracture de la cheville
Après une immobilisation de six semaines, l’os est suffisamment solide pour que le patient puisse commencer à s’appuyer sur sa cheville. Durant les premiers jours, l’utilisation de béquilles peut être utile pour retrouver ses repères.
Quelle durée d’arrêt de travail après une fracture de la cheville ?
L’arrêt de travail suite à une fracture de la cheville est d’au moins six semaines, correspondant à la période d’immobilisation. Cependant, cette durée peut varier en fonction de la gravité de la fracture (impliquant une ou deux malléoles, avec ou sans déplacement, atteinte ou non des ligaments) et de la profession du patient. La durée de l’arrêt n’est pas la même pour une activité de bureau que pour un travail nécessitant de rester debout ou de porter des charges lourdes.
Quel type de rééducation suivre après une fracture de la cheville ?
Une fois la cheville déplâtrée, « la rééducation débute rapidement, généralement dans le mois qui suit », mentionne le chirurgien. Sous la supervision d’un kinésithérapeute, le patient travaillera les mouvements de flexion et d’extension ainsi que la proprioception, c’est-à-dire la capacité à stabiliser son corps dans l’espace. Certains exercices peuvent également être pratiqués à domicile.
Quelles sont les séquelles possibles après une fracture de la cheville ?
Après une fracture de la cheville, il est possible que l’articulation reste quelque peu raide.
Des douleurs ou des fourmillements peuvent subsister (algodystrophie) chez certains patients.
Une arthrose peut se développer rapidement si le cartilage de l’articulation a été endommagé ou si la fracture n’a pas été correctement réduite.