Douleurs mammaires : doivent-elles alerter sur le risque de cancer du sein ?
La douleur dans les seins est souvent perçue comme un signal d’alarme du cancer du sein, bien que ce type de cancer soit majoritairement asymptomatique dans ses premiers stades. Quels sont alors les signaux qui doivent pousser à consulter un spécialiste ?
Est-il nécessaire d’attendre d’éprouver de la douleur pour se soumettre à un dépistage ? Absolument pas. Le cancer du sein ne provoque souvent aucune douleur, ce qui peut rendre son diagnostic précoce complexe. Alors, comment décider du moment opportun pour consulter ? Pourquoi le dépistage est-il crucial pour les femmes ? Nous discutons de ces questions avec la Pre Mahasti Saghatchian, oncologue spécialiste des cancers du sein à l’Hôpital Américain de Paris.
Une douleur au sein est-elle systématiquement synonyme de cancer ?
« Si mes seins me font mal, cela signifie-t-il que j’ai un cancer ? Si je ne ressens pas de douleur, puis-je être tranquille ? » Ces interrogations sont fréquentes chez de nombreuses femmes. Et la réponse est souvent surprenante : la douleur n’est généralement pas associée au cancer du sein.
« En règle générale, le cancer du sein n’est pas douloureux. Souvent, la douleur est due à des déséquilibres hormonaux qui n’ont rien à voir avec le cancer. Cela s’appelle des mastodynies », explique la Pre Saghatchian.
- Avant les menstruations, les seins peuvent se sentir tendus, gonflés et sensibles.
- À la ménopause ou lors de traitements hormonaux, des douleurs peuvent également survenir.
- Il existe aussi des causes bénignes comme de petits kystes, des mastoses, des infections ou même un simple choc.
La douleur, un indicateur du cancer du sein ?
« Lorsqu’il est détecté tôt, par mammographie ou parfois par autopalpation, le cancer du sein est presque toujours indolore », souligne la Pre Saghatchian.
Voici une information cruciale à retenir :
- L’absence de douleur ne signifie pas l’absence de cancer.
- La présence de douleur ne signifie pas nécessairement la présence de cancer.
Se fier uniquement à la douleur pour évaluer son risque de cancer du sein peut donc être trompeur.
Symptômes d’alerte fréquents du cancer du sein :
- Une bosse ou une masse palpable dans le sein ou sous l’aisselle,
- Une rétraction du mamelon ou un écoulement anormal,
- Un gonflement localisé, une déformation ou une rougeur persistante,
- Des modifications de la texture de la peau, comme un épaississement, un durcissement, une zone chaude ou un aspect de « peau d’orange ».
« Si vous ressentez une douleur et que votre peau change d’aspect, ce n’est pas forcément hormonal. Il est préférable de consulter rapidement : des examens sont nécessaires pour confirmer ou infirmer la présence de cellules cancéreuses », précise la Pre Saghatchian.
Exceptions : quand le cancer du sein est-il douloureux ?
Bien que la majorité des cancers du sein ne provoquent pas de douleur, certains types peuvent en être la cause :
- Les cancers inflammatoires. Ces cancers rares provoquent une inflammation du sein, car les cellules cancéreuses bloquent les petits vaisseaux lymphatiques de la peau, rendant le sein rouge, gonflé, chaud et sensible. La douleur résulte alors de l’inflammation et de la tension des tissus.
- Les cancers volumineux. Lorsqu’une tumeur augmente de taille, elle peut comprimer les nerfs et les tissus adjacents, provoquant une douleur sourde ou persistante. Autrement dit, la masse exerce une pression qui devient inconfortable.
- Les cancers situés proche de la peau ou de zones sensibles. Les tumeurs peuvent parfois être douloureuses car elles sont au contact des terminaisons nerveuses, ce qui rend le sein sensible au toucher ou spontanément.
En résumé, la douleur liée au cancer du sein est rarement causée directement par la tumeur elle-même, mais plutôt par ses effets sur les tissus environnants : inflammation, compression nerveuse ou tension cutanée.
Peut-on confondre douleur bénigne et cancer du sein ?
« Oui, et même les médecins peuvent parfois se tromper », répond la Pre Saghatchian. Certaines inflammations bénignes, comme les mastites inflammatoires, peuvent imiter les symptômes du cancer : sein rouge, chaud et douloureux. « C’est extrêmement douloureux et inquiétant. La biopsie mammaire est parfois le seul moyen de distinguer les deux », précise-t-elle. Heureusement, ces mastites se résolvent avec des antibiotiques et des anti-inflammatoires.
Comment soulager la douleur mammaire liée au cancer du sein ?
« Des antalgiques classiques tels que le paracétamol ou les anti-inflammatoires peuvent être prescrits pour soulager la douleur. Mais le traitement le plus efficace reste la chimiothérapie ou la thérapie ciblée : elles soulagent rapidement l’inflammation (et donc la douleur). C’est la meilleure solution pour traiter à la fois les symptômes et le cancer », assure la Pre Saghatchian.
Quand et qui faut-il consulter en cas de douleur mammaire ?
Uniquement basée sur la douleur, une alerte mammaire est généralement sans gravité. Comme mentionné précédemment, elle peut être due aux hormones, à des kystes, à une mastose ou à un traumatisme. Il est conseillé de consulter si :
- La douleur est inhabituelle, persistante ou localisée à un endroit précis,
- Le sein change d’aspect (rougeur, peau qui s’épaissit, rétraction du mamelon, boule palpable),
- Un écoulement apparaît au niveau du mamelon.
En résumé, bien que la douleur mammaire puisse être alarmante, elle est rarement un signe de cancer. Le plus souvent, elle résulte simplement d’un déséquilibre hormonal.
À l’inverse, de nombreux cancers du sein commencent sans causer de douleur. C’est pourquoi il ne faut pas se fier uniquement à ce symptôme. Un examen médical est toujours plus sûr que de rester dans l’incertitude.
Le bon réflexe : participer au dépistage organisé du cancer du sein (mammographie tous les deux ans entre 50 et 74 ans, ou plus tôt en cas d’antécédents familiaux), pratiquer régulièrement l’autopalpation, et consulter son médecin en cas de doute !