Faire l’amour malgré une infection urinaire : quels sont les risques ?

par adm

                Faire l'amour avec une infection urinaire : est-ce risqué ?

Est-il sage ou même faisable de maintenir une vie sexuelle active durant une infection urinaire ? Nous clarifions cette question avec le Dr Julia Maruani, gynécologue médicale.

Sensation de brûlure lors de la miction, besoin urgent et répété d’uriner, douleurs abdominales basses… Ces symptômes vous sont probablement familiers si vous avez déjà eu des infections urinaires. La cystite, qui représente la forme la plus répandue d’infection urinaire chez les femmes, affecte non seulement la qualité de vie et le sommeil, mais également la vie sexuelle. Ce qui amène à se poser la question : « Est-il possible de continuer à avoir des relations sexuelles lorsqu’on souffre d’une infection urinaire ? » Le Dr Julia Maruani, gynécologue médicale à Marseille et secrétaire générale adjointe de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale, répond à cette interrogation.

La cystite est une infection urinaire basse, c’est-à-dire qu’elle affecte exclusivement la vessie. Elle est majoritairement causée (dans plus de 80 % des cas) par une bactérie naturellement présente dans notre intestin : Escherichia coli. Cette bactérie, lorsqu’elle remonte par l’urètre (le conduit qui relie la vessie à l’extérieur), peut coloniser la vessie et provoquer une inflammation ainsi qu’une infection.

À savoir : la cystite est particulièrement fréquente chez les femmes, et ce n’est pas un hasard. L’urètre féminin étant plus court que celui des hommes, cela facilite la migration des germes. De plus, sa proximité avec l’anus et le vagin offre une voie d’accès idéale pour les bactéries. Les symptômes typiques comprennent :

  • Une sensation de brûlure ou de picotement lors de la miction,
  • des besoins fréquents d’uriner (même en petites quantités),
  • des douleurs pelviennes diffuses,
  • parfois des urines troubles ou malodorantes.

Remarque : dans les cas simples, il n’y a généralement pas de fièvre.

La sexualité est-elle toujours impliquée ?

« Non, la sexualité n’est pas systématiquement en cause dans l’apparition d’une cystite… mais elle peut parfois jouer un rôle », explique le Dr Maruani. Durant un rapport sexuel, les mouvements de va-et-vient peuvent faciliter la migration des bactéries vers l’urètre, surtout si la flore vaginale est déséquilibrée ou si l’hygiène est insuffisante.

Cependant, toutes les cystites ne sont pas liées à l’activité sexuelle. Des jeunes filles, des femmes ménopausées, ou même des femmes sans activité sexuelle régulière peuvent également en souffrir. Chez les femmes ménopausées, par exemple, la diminution des œstrogènes fragilise les muqueuses urogénitales, rendant la région plus susceptible aux infections.

En résumé, bien que la sexualité puisse être un facteur déclenchant, elle n’est pas la seule cause de cystite. Il est crucial d’évaluer l’ensemble du contexte (hygiène, anatomie, antécédents, sécheresse vaginale, etc.) pour bien comprendre l’origine du problème, précise la gynécologue.



Est-il possible d’avoir des relations sexuelles avec une infection urinaire ?

D’un point de vue médical, il n’existe pas d’interdiction formelle de maintenir des rapports sexuels en cas de cystite. « Rien n’empêche physiquement une femme de poursuivre une activité sexuelle si elle le souhaite. Mais en pratique, cela n’est ni conseillé, ni agréable, » prévient le Dr Maruani.

Cela peut-il être douloureux ?

L’un des principaux obstacles à la sexualité durant une cystite est la douleur. L’inflammation de la vessie et de l’urètre rend les tissus particulièrement sensibles. En conséquence, les mouvements de va-et-vient pendant la pénétration peuvent provoquer des brûlures, des tiraillements ou une sensation de picotement intense, parfois prolongée après l’acte. Certaines femmes décrivent également une pression pelvienne inconfortable, un besoin urgent d’uriner immédiatement après le rapport, ou un malaise profond, malgré le désir de proximité avec leur partenaire.

Existe-t-il un risque de surinfection ?

« Avoir des rapports sexuels ne détériore pas la cystite en elle-même », assure le Dr Maruani. Contrairement à certaines idées reçues, votre cystite ne risque pas de se transformer en pyélonéphrite, une infection urinaire haute beaucoup plus sérieuse, souvent accompagnée de fièvre et de douleurs lombaires. Cependant, pratiquer l’amour pendant une cystite peut retarder la guérison, même avec un traitement antibiotique : en sollicitant la zone urinaire déjà enflammée, on risque de prolonger le processus de guérison.



Les cystites sont-elles contagieuses ?

Bonne nouvelle : la cystite n’est pas une infection sexuellement transmissible (IST). Elle n’est ni contagieuse, ni transmissible à un partenaire. Il n’y a donc aucun risque de « contracter » la cystite en retour.

Toutefois, la prudence est de mise, car certaines IST, telles que la chlamydia ou le gonocoque, peuvent présenter des symptômes similaires à ceux d’une cystite (besoins pressants, brûlures, douleurs urinaires). D’où l’importance de consulter un médecin en cas de doutes ou d’infections répétitives.





Il est préférable d’écouter son corps et d’éviter les rapports sexuels pénétrants jusqu’à ce que l’infection se résorbe. Une vie sexuelle épanouie passe également par le respect de ses propres limites et de celles de son corps. – Dr Julia Maruani, gynécologue.

Cystite : que faire si le désir persiste malgré tout ?

Avoir une cystite ne signifie pas nécessairement une absence de désir. Certaines femmes peuvent ressentir l’envie de se rapprocher de leur partenaire malgré l’inconfort physique. Et c’est parfaitement normal : le désir ne suit pas toujours les règles médicales, et il peut persister, voire être renforcé par le besoin de réconfort, de tendresse ou d’intimité.

Alors, que faire si l’envie est là, malgré la gêne ? Comme mentionné précédemment, il est essentiel d’écouter son corps. Si la simple idée d’un rapport pénétrant provoque une grimace, il vaut mieux ne pas insister. Cependant, une sexualité douce, non pénétrative, peut être envisagée : caresses, baisers, massages, sexe oral, jeux sensuels ou masturbation mutuelle sont autant de façons de maintenir la complicité sans risquer d’aggraver l’infection.



Après la cystite : quand reprendre les rapports sexuels ?

Bonne nouvelle : une cystite correctement traitée se résout généralement en quelques jours. Mais cela ne signifie pas qu’il est possible de reprendre les rapports sexuels dès que le dernier comprimé a été pris. Il est important de donner au corps le temps de se rétablir complètement.

« Il est préférable d’attendre la disparition totale des symptômes avant d’envisager un rapport sexuel », conseille le Dr Maruani : plus de brûlures à la miction, plus de lourdeur dans le bas-ventre, plus de besoins pressants ni d’inconfort pelvien. En général, cela se produit dans les 48 à 72 heures après la fin des symptômes pour permettre à la muqueuse vésicale de cicatriser et à la flore intime de se rééquilibrer.

Reprendre trop tôt augmente le risque de rechute, d’irritation, voire d’une nouvelle infection. Et si la cystite était particulièrement douloureuse ou fréquente, un avis médical peut être utile pour déterminer le bon moment.

Comment prévenir les infections urinaires et limiter la douleur après l’amour ?

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