Métal : À propos du nickel
Le nickel, un élément métallique situé à la 28ème position dans le tableau périodique, est un métal de couleur gris argenté. Il est particulièrement estimé pour sa capacité à résister à la corrosion et aux températures extrêmes, ainsi que pour sa malléabilité qui facilite sa transformation. Ces qualités le rendent incontournable dans la production de métaux et d’alliages tels que l’acier inoxydable. On le trouve aussi dans divers objets de notre quotidien comme les bijoux fantaisie, les téléphones mobiles et certains produits cosmétiques, rendant ainsi son évitement quasi impossible.
Le nickel cause-t-il des allergies alimentaires ou de contact ?
Bien que le nickel soit un oligo-élément présent dans de nombreux aliments tels que les fruits à coque, le chocolat et les épices, il est important de souligner qu’il ne provoque pas d’allergies alimentaires.
« L’allergie au nickel est exclusivement de contact et ne se manifeste pas par des réactions alimentaires. » – Julien Cottet, allergologue à Paris.
Cette allergie est connue sous le nom d’allergie de type IV, une réaction immunitaire retardée impliquant les lymphocytes T et non les anticorps IgE responsables des réactions allergiques immédiates. « Elle se manifeste par des symptômes d’eczéma comme des plaques rouges, des démangeaisons et des cloques, apparaissant généralement entre 24 et 48 heures après le contact avec le nickel », explique le Dr Cottet. L’allergène peut parfois être transporté par les mains, provoquant des lésions sur le visage.
L’allergie au nickel affecte principalement les femmes (10 à 15% de la population) plus que les hommes (2 à 5%).
Comment détecter une allergie au nickel ?
Le diagnostic d’une allergie au nickel se fait grâce à un interrogatoire approfondi par un allergologue, qui cherche à identifier les expositions régulières au nickel. « Nous questionnons le patient sur son emploi, ses loisirs, et autres activités quotidiennes pour découvrir toute exposition potentielle », déclare le Dr Cottet.
Si une allergie est suspectée, elle est confirmée par un test cutané appelé « patch test ».
« Le ‘patch test’ consiste à appliquer des patchs contenant différentes substances allergènes, dont le nickel, sur le dos du patient. Ces patchs doivent rester en place pendant 48 heures, sans que le patient ne prenne de douche ou ne transpire. » – Dr Cottet
Les résultats sont ensuite lus après 48 heures, puis 72 heures et parfois jusqu’à 5 jours en cas de doute. Une réaction locale indique une allergie confirmée.
Bijoux, cosmétiques, lunettes : où trouve-t-on du nickel ?
Le nickel est omniprésent dans de nombreux objets quotidiens et son usage explique la prévalence élevée de l’allergie de contact. On le trouve principalement dans les bijoux fantaisie, les boutons de jeans, les fermetures éclair, les montres, les lunettes, les clés, les pièces de monnaie, et même dans certains outils de bricolage et ustensiles de cuisine.
« Le nickel est de plus en plus utilisé dans les produits de maquillage bon marché, fréquemment utilisés par les jeunes filles. » – Dr Cottet
Plus problématique, le nickel est parfois présent dans certains implants dentaires ou prothèses orthopédiques. « En cas d’allergie, ces implants doivent être retirés et remplacés par des matériaux exempts de nickel », ajoute le spécialiste.
Quels sont les signes d’une allergie au nickel ?
L’allergie au nickel se manifeste souvent par une dermatite de contact allergique, prenant la forme d’un eczéma localisé. Les symptômes incluent des rougeurs, démangeaisons, petites vésicules ou cloques, peau sèche et craquelée, parfois suintante, et à long terme, un épaississement de la peau appelé lichénification. Si le nickel est présent dans les boucles d’oreille, la dermatite affecte les lobes des oreilles, qui peuvent être chauds, gonflés et parfois durs. En cas de présence dans un implant dentaire, l’allergie peut être difficile à diagnostiquer, avec des symptômes pouvant apparaître plusieurs semaines après la pose.
Contrairement aux allergies de type I, l’allergie au nickel ne provoque pas de réactions graves telles que le choc anaphylactique. Les symptômes restent locaux ou cutanés, et parfois systémiques en cas de sensibilisation alimentaire ou d’implant, mais sans danger immédiat pour la vie.
Causes : Pourquoi devient-on allergique au nickel ?
L’allergie au nickel est acquise et non innée. Elle est souvent liée à l’environnement professionnel du fait des expositions fréquentes et répétées au métal.
« L’exposition récurrente augmente les risques de développer cette allergie, souvent liée à la profession : coiffeurs, mécaniciens, métallurgistes, caissiers, médecins, etc. » – Dr Cottet
La diversité des produits contenant du nickel explique également la forte prévalence de cette allergie.
Traitement : Antihistaminiques, désensibilisation
Il n’existe pas de traitement spécifique pour l’allergie au nickel, qui implique une réaction cellulaire et non les anticorps IgE. « Il n’y a pas de désensibilisation possible pour cette allergie, contrairement aux allergies de type I. » précise le Dr Cottet. Les antihistaminiques sont également inefficaces car l’allergie au nickel n’est pas médiée par l’histamine.
Comment apaiser une réaction allergique au nickel ?
« Seules les crèmes à base de cortisone peuvent atténuer l’inflammation cutanée et soulager les symptômes », indique l’expert. Des crèmes émollientes sont également recommandées pour réhydrater et aider la peau à se régénérer.
« La meilleure façon de prévenir les réactions allergiques est d’éviter le contact, bien que cela puisse être difficile, surtout en milieu professionnel. » – Dr Cottet
Les personnes affectées doivent consulter le Centre de Prévention des Risques Professionnels où un médecin du travail et un allergologue collaboreront pour évaluer les possibilités de changer de matériel ou d’adapter le poste de travail.