Bien que moins courante que la fracture du col fémoral, la fracture du bassin se produit généralement lors d’accidents à haute vitesse ou de chutes. Le Dr Pierre-Emmanuel Moreau, chirurgien orthopédiste et chef adjoint au service d’orthopédie de l’Hôpital Paris Saint-Joseph, spécialiste des fractures du bassin et du cotyle, nous fournit des précisions.
Chaque année, environ 20 000 fractures du bassin et 3 000 du cotyle sont recensées en France. « La hausse de ces incidents peut être attribuée à l’émergence de nouveaux moyens de transport, tels que la trottinette électrique, et au vieillissement de la population, » explique le Dr Moreau. Seulement 1 à 2 % des 20 000 fractures du bassin nécessitent une intervention chirurgicale.
Le bassin est une structure osseuse en forme de ceinture qui relie la colonne vertébrale aux membres inférieurs. « Il est formé de deux demi-bassins qui se connectent à l’avant par la symphyse pubienne et à l’arrière par le sacrum, » détaille le chirurgien. Les fractures peuvent affecter différentes zones du bassin : le sacrum, les articulations sacro-iliaques, les ailes iliaques, le cotyle et la symphyse pubienne.
Fracture du bassin : qui est le plus à risque ?
Bien que personne ne soit exempt de risque, les jeunes et les personnes âgées sont particulièrement vulnérables. « Les jeunes patients impliqués dans des accidents à grande vitesse, tels que les motocyclistes ou les cyclistes, arrivent souvent à l’hôpital avec de multiples fractures. En revanche, les personnes âgées sont susceptibles de tomber simplement de leur hauteur et de se fracturer un os affaibli par l’ostéoporose, » confirme le Dr Moreau.
Symptômes : comment reconnaître une fracture du bassin ?
Les symptômes d’une fracture du bassin varient selon sa localisation, sa nature et sa gravité :
- douleur intense dans la région du bassin, souvent exacerbée par le mouvement ;
- difficulté à se tenir debout ou à marcher ;
- gonflement ou ecchymoses.
Des signes de lésions génito-urinaires peuvent également être observés :
- saignements au niveau du méat urétral ou du vagin ;
- présence de sang dans les urines ;
- réduction du volume urinaire (anurie).
Est-il possible de marcher avec une fracture du bassin ?
Tout dépend du type de fracture et de son emplacement. « La majorité des personnes âgées tombent de leur hauteur, ressentent des douleurs et sont transportées aux urgences par les services de secours, » explique le spécialiste. Il arrive cependant que le patient parvienne à se relever après sa chute et ne présente pas de symptômes immédiats, ce qui peut retarder le diagnostic. »
Comment poser le diagnostic ?
Le diagnostic d’une fracture du bassin repose principalement sur l’examen clinique et l’imagerie médicale. La radiographie est souvent utilisée pour visualiser la majorité des fractures et peut être complétée par un scanner pelvien pour une analyse plus détaillée.
Traitement : comment se soigne une fracture du bassin ? L’opération est-elle systématique ? Quelle est la prise en charge ?
La prise en charge varie en fonction de la stabilité de la fracture, de la gravité du traumatisme, des lésions associées ou non et de l’âge du patient.
« L’opération chirurgicale n’est pas toujours nécessaire, observe le spécialiste. La décision de procéder à une intervention chirurgicale dépend de l’âge du patient, de ses antécédents médicaux, et du type de fracture (déplacée ou non). »
De plus, « les fractures du bassin, particulièrement celles du cotyle, étant peu fréquentes, des centres spécialisés comme celui de l’hôpital Saint-Joseph à Paris ont été créés. Ces centres facilitent le transfert de patients depuis d’autres établissements qui ne possèdent pas cette expertise spécialisée. »
Chez le patient jeune
Pour le jeune patient polytraumatisé suite à un accident de la route, le risque principal est l’hémorragie. « L’écartement du bassin peut endommager des vaisseaux sanguins et provoquer un choc hémorragique, explique le médecin. Face à cette situation, nous recourons d’abord à l’embolisation par radiologie interventionnelle pour stopper le saignement. Il peut être nécessaire d’employer une ceinture ou un fixateur externe pour refermer le bassin. En général, nous attendons la stabilisation du patient avant de planifier une opération chirurgicale sur la fracture elle-même. »
Chez la personne âgée
Le traitement diffère chez les personnes âgées. « La principale préoccupation est de soulager la douleur et de permettre une remise sur pied rapide, indique le Dr Moreau. Lorsqu’une fracture est diagnostiquée chez une personne âgée, nous ne procédons pas immédiatement à une opération. En général, nous autorisons l’appui et prescrivons des analgésiques. Si après une dizaine de jours, le patient éprouve toujours des difficultés à se lever, il peut être nécessaire de réaliser un vissage sacro-iliaque percutané pour améliorer la stabilité de la fracture et sa consolidation. » L’objectif ? Favoriser une reprise rapide de la marche pour éviter les complications liées à l’alitement.
Quelles sont les complications éventuelles ? Peut-il y avoir des séquelles ?
Des complications peuvent survenir à court, moyen et long terme après une fracture du bassin. « En plus du risque de saignement prédominant dans les fractures instables, il est également possible de développer une phlébite, avec un risque d’embolie pulmonaire si le caillot se déplace, souligne le spécialiste. À moyen et long terme, il existe un risque d’infection post-opératoire, de retard de consolidation ou de cal vicieux en cas de mauvaise consolidation avec déplacement. »
Combien de temps pour remarcher après une fracture du bassin ? Quelle est la durée de la consolidation ?
Le temps nécessaire pour remarcher dépend encore une fois de la gravité de la fracture, du type de traitement et de l’état général du patient. « Les instructions varient selon les patients et le type de fracture, précise le chirurgien orthopédiste. Chez une personne âgée avec une fracture stable, la marche avec un déambulateur est autorisée. En revanche, chez un jeune, souvent victime de fractures plus sévères, un alitement strict peut être préconisé pendant trois semaines si les deux côtés sont touchés, et l’appui peut être refusé pendant six semaines du côté affecté. Il faut attendre entre deux et trois semaines pour que la fracture commence à consolider, pour que la douleur diminue et que l’appui soit de nouveau possible. » Et de conclure : « Pour une fracture stable, sans déplacement, la consolidation prend entre un mois et demi et trois mois. »
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