La tomate et le syndrome de l’intestin irritable : compatibles ?
La tomate, ce fruit éclatant et juteux, est un incontournable des recettes d’été. Relevée d’un brin de basilic, elle complète divinement une burrata onctueuse ou une mozzarella délicatement fraîche. Au-delà de ses qualités gustatives, la tomate est également une mine de nutriments. « Elle apporte une multitude d’oligo-éléments, de vitamines, de minéraux et d’antioxydants, dont le lycopène », affirme le Dr Olivier Spatzierer, gastro-entérologue, qui recommande de ne pas la délaisser.
Effectivement, le lycopène est célèbre pour ses vertus protectrices vis-à-vis des maladies cardiovasculaires et de certains types de cancer, comme celui de la prostate. Il est d’ailleurs conseillé aux hommes de plus de cinquante ans d’en consommer régulièrement.
Cependant, malgré ses nombreux bénéfices, la tomate n’est pas toujours bien accueillie dans l’alimentation de tous : elle est souvent accusée de provoquer des troubles digestifs, particulièrement chez les personnes atteintes du syndrome de l’intestin irritable (SII).
La tomate est-elle problématique pour les personnes souffrant d’intestin irritable ?
Le syndrome de l’intestin irritable est un trouble digestif fréquent, caractérisé par une série de symptômes chroniques tels que des ballonnements, une production excessive de gaz, des douleurs abdominales, des diarrhées, des constipations, ou une alternance des deux. Bien qu’il soit inconfortable, le SII est considéré comme bénin, les examens médicaux tels que la coloscopie et les analyses de sang ne révélant aucune anomalie sérieuse. « Il est d’origine fonctionnelle, ce qui signifie qu’aucune lésion organique n’est détectée », explique le Dr Spatzierer. On le désigne aussi sous les termes de colopathie fonctionnelle ou de côlon irritable. Toutefois, il peut significativement affecter la qualité de vie de la personne.
Certains aliments peuvent déclencher ou aggraver l’irritation de l’intestin et les symptômes associés au SII. La tomate, selon certains patients, fait partie de ces aliments.
Présence de FODMAPs
La tomate contient des FODMAPs, des sucres fermentescibles mal absorbés par l’intestin. Les FODMAPs incluent des oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles tels que le fructose ou le sorbitol. Même si la tomate en contient en petite quantité, certaines personnes y sont particulièrement sensibles, ce qui peut les amener à l’éviter dans le cadre d’un régime pauvre en FODMAPs souvent recommandé pour les personnes souffrant de SII.
Acidité de la tomate
La tomate peut également poser problème en raison de son acidité, surtout chez les individus ayant un système digestif sensible. Bien que la tomate soit alcalinisante après digestion, elle peut, en pratique, causer des brûlures ou des douleurs abdominales chez certaines personnes.
Un aliment riche en fibres potentiellement irritantes
Les tomates contiennent des fibres insolubles qui peuvent irriter la muqueuse intestinale fragile. « Pour améliorer la tolérance digestive, il est conseillé de peler les tomates ou même de les épépiner », recommande le Dr Spatzierer. Il est aussi suggéré de privilégier la consommation de tomates cuites plutôt que crues pour réduire les risques d’irritation.
En conclusion, « les tomates ne sont pas intrinsèquement mauvaises pour le SII, car elles ne risquent pas d’aggraver la condition. De plus, intégrer des tomates dans une alimentation variée et équilibrée est bénéfique pour la santé », selon l’expert. Toutefois, chaque personne atteinte de SII possède un seuil de tolérance qui lui est propre, et pour certaines, la tomate peut causer des problèmes. Il est donc judicieux de tester différentes méthodes de préparation pour découvrir ce qui convient le mieux à son propre système digestif.
La tomate est-elle un aliment inflammatoire pour les intestins ?
En soi, la tomate n’est pas un aliment inflammatoire. Au contraire, elle contient des composés aux propriétés anti-inflammatoires reconnues, tels que le lycopène (un puissant antioxydant) et certains polyphénols qui sont bénéfiques pour la santé cardiovasculaire et intestinale.
Cependant, chez les personnes atteintes du syndrome de l’intestin irritable, elle peut provoquer des symptômes digestifs évoquant une inflammation, tels que des douleurs, un inconfort, ou une gêne abdominale. Cela est dû à l’hypersensibilité intestinale caractéristique de ce trouble, mais sans qu’il y ait de véritable inflammation de la muqueuse au sens médical du terme. Contrairement aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) telles que la maladie de Crohn, le SII n’entraîne aucune lésion visible ni marqueur biologique d’inflammation.
Ainsi, bien que la tomate ne soit pas inflammatoire, elle peut irriter un intestin sensible, selon la tolérance individuelle.
Les bons réflexes pour manger des tomates sans gêne intestinale
Heureusement, souffrir du syndrome de l’intestin irritable ne signifie pas nécessairement devoir exclure la tomate de son régime alimentaire, surtout compte tenu de ses nombreux bienfaits pour la santé. Il suffit de prendre certaines précautions pour la rendre plus digeste. Voici quelques conseils utiles :
1- Sélectionner les bonnes tomates
Les tomates bien mûres sont généralement moins acides et plus douces pour l’intestin que celles qui sont cueillies trop tôt, encore fermes et peu mûres. Certaines variétés, comme les tomates vertes ou oranges, sont naturellement plus douces et peuvent être bien tolérées si elles sont mûres. « Il est préférable de choisir des tomates à la peau fine. Les tomates cerises sont souvent mieux tolérées que les grosses tomates », explique le Dr Spatzierer.
2- Peler et épépiner les tomates
Pour peler facilement la peau, plongez vos tomates quelques secondes dans l’eau bouillante. « Si nécessaire, retirez aussi les pépins pour diminuer la quantité de fibres insolubles, qui peuvent être irritantes », ajoute le gastro-entérologue.
3- Favoriser les tomates cuites
Les tomates cuites sont plus digestes que les tomates crues. La cuisson ramollit les fibres et réduit l’acidité perçue. Pour réduire encore plus l’acidité, une astuce consiste à ajouter une pincée de bicarbonate de sodium pendant la cuisson (par exemple, dans une sauce tomate maison) afin de diminuer son acidité sans en altérer le goût.
4- Éviter les sauces industrielles
« Ces sauces sont souvent très concentrées en fibres et en acides. De plus, elles contiennent des additifs ou des aromates irritants », souligne l’expert. Parmi ces aromates, on peut trouver de l’ail, de l’oignon, etc.
5- Tester sa tolérance en petites quantités
Chaque personne atteinte de SII a un seuil de sensibilité différent. Un aliment mal toléré en grande quantité peut être parfaitement supportable en petite dose.
Que manger avec la tomate en cas de côlon irritable ?
Il est important de savoir quels autres aliments associer avec la tomate et ceux à éviter pour minimiser les désagréments intestinaux.
1- Associer une salade de tomate à des aliments « tampons »
Comme la mozzarella, la burrata ou un filet d’huile d’olive ou de matières grasses. Ces aliments doux aident à limiter l’irritation directe de la muqueuse.
2- Éviter le citron et autres aliments/condiments irritants
Comme le poivre, le jus de citron, le vinaigre, surtout en période de crise digestive.
Certains légumes riches en fibres solubles (haricots verts…) et/ou en FODMAPs (chou-fleur…) sont aussi à éviter.
Les boissons gazeuses, qu’elles soient sucrées ou non, sont à éviter car elles peuvent accentuer les ballonnements et l’inconfort digestif chez les personnes atteintes de SII.
3- Intégrer la tomate dans un repas globalement apaisant
En l’accompagnant d’aliments riches en fibres solubles comme le riz, certains légumes cuits (courgette, carotte), la pomme de terre, la patate douce. Ces fibres régulent le transit et assurent son bon fonctionnement sans stimuler excessivement l’intestin.