L’hypertension artérielle figure parmi les principales menaces pour la santé cardiovasculaire. Comment les températures élevées influencent-elles la tension artérielle ? Voici les explications du Professeur Gérard Helft, cardiologue et président de la Fédération française de cardiologie.
L’hypertension, ou HTA, se caractérise par une pression sanguine anormalement élevée dans les artères. Le cœur, moteur incessant du corps, propulse le sang dans les vaisseaux sanguins qui doivent supporter cette pression pour assurer une distribution efficace vers les organes. Dans un état de santé optimal, cette pression varie peu durant la journée et reste dans des normes acceptables.
« L’hypertension se manifeste lorsque, mesurée de manière répétée au repos, la tension artérielle surpasse les 140 mmHg systoliques et/ou 90 mmHg diastoliques, » indique le Pr Gérard Helft. La phase systolique correspond au moment de la contraction du cœur pour propulser le sang, tandis que la phase diastolique se réfère à son relâchement.
Une tension élevée est problématique car elle endommage progressivement les artères et surmène le cœur. « Sur le long terme, elle augmente le risque de complications cardiovasculaires telles que les infarctus, les AVC, l’insuffisance rénale, les troubles visuels et d’autres complications, » précise le spécialiste.
L’hypertension est souvent qualifiée d’essentielle, c’est-à-dire sans cause unique identifiable, ou secondaire, résultant d’une autre pathologie, comme un problème rénal ou hormonal.
Symptômes d’une crise hypertensive chez l’homme et la femme
L’hypertension est sournoise car elle évolue souvent sans symptômes apparents.
« Dans la majorité des cas, l’hypertension artérielle ne provoque aucun symptôme, ce qui la rend difficile à détecter et souvent négligée car elle n’est pas douloureuse ni gênante, » explique Professeur Gérard Helft.
Des symptômes peuvent toutefois apparaître lorsque la tension est extrêmement élevée, notamment au-delà de 18 mmHg en systolique. « En cas de pic hypertensif, le patient peut ressentir des maux de tête, des bourdonnements d’oreilles ou des vertiges, » ajoute l’expert.
L’impact de la chaleur sur la tension artérielle
Si le lien entre chaleur et hypertension est avéré, la chaleur tend plutôt à diminuer la tension artérielle plutôt qu’à l’augmenter.
« La chaleur provoque une dilatation des vaisseaux sanguins pour favoriser la circulation du sang vers la surface de la peau afin d’évacuer la chaleur. Cette dilatation entraîne une baisse de la pression sur les parois artérielles, réduisant ainsi la tension, » explique le Professeur Helft.
La déshydratation causée par la transpiration contribue également à abaisser la tension. Une perte importante d’eau et d’électrolytes réduit le volume sanguin circulant (hypovolémie), diminuant la pression dans les veines et les artères, pouvant conduire à une hypotension. Cela explique les malaises et vertiges communs lors de fortes chaleurs ou canicules.
La canicule tend donc à réduire la tension artérielle, ce qui peut être bénéfique pour ceux avec une légère hypertension non traitée médicalement, mais cela peut poser des risques pour ceux sous traitement.
Adaptation du traitement antihypertenseur durant les canicules
Il est crucial pour les personnes sous traitement antihypertenseur d’être particulièrement vigilantes durant les périodes de forte chaleur pour éviter des chutes de tension significatives.
« Il est impératif de ne pas arrêter ni réduire systématiquement son traitement durant les périodes de forte chaleur, comme certains pourraient le suggérer, » conseille le Professeur Helft.
Les patients doivent adopter des comportements prudents pendant la canicule : « éviter de sortir aux heures les plus chaudes, limiter les efforts physiques intenses, porter des vêtements légers, se protéger du soleil, se rafraîchir fréquemment (avec un brumisateur, en mouillant un vêtement) et contrôler régulièrement leur tension avec un tensiomètre personnel ou en pharmacie, » détaille le cardiologue.
Si la canicule perdure, et que le patient ressent une fatigue inhabituelle, il est important de consulter son médecin qui pourra ajuster le traitement si nécessaire.
Néanmoins, tous les médicaments ne sont pas concernés. Trois catégories de médicaments antihypertenseurs peuvent nécessiter un ajustement pendant une canicule : les diurétiques, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), et les sartans.
« En été, trouver un médecin disponible peut être compliqué. En cas de fatigue extrême, de perte de poids inexpliquée et si la tension mesurée est inférieure à 10, un patient peut envisager de réduire son traitement (seulement diurétiques, IEC ou sartans) jusqu’à ce que les températures se normalisent, » conseille Professeur Gérard Helft.
Il est crucial de reprendre les doses habituelles dès la fin de la période de canicule.