Découvrez les dangers insoupçonnés de manger des glaçons !

L’envie irrépressible de croquer des glaçons est définie comme la pagophagie, un symptôme du Pica, un trouble alimentaire incluant le besoin de manger des substances non alimentaires (terre, argile, riz cru, etc.). Bien que cela puisse sembler inoffensif, la pagophagie peut causer des dommages importants à la santé bucco-dentaire, en particulier aux dents.

Ceux qui ont des restaurations dentaires doivent être particulièrement prudents. « Les matériaux comme les composites ou les couronnes peuvent se détacher sous l’effet de la mastication », explique le Dr Dubois.

En plus de la dureté, le choc thermique dû à la température froide des glaçons représente également un danger. « Ce choc peut nuire à la pulpe dentaire et causer une hypersensibilité désagréable », ajoute le dentiste.

La répétition de cette habitude peut aussi aggraver ou causer des problèmes aux articulations temporo-mandibulaires (ATM), source de douleurs et de tensions musculaires. De plus, les gencives peuvent être irritées ou blessées par les bords durs et parfois pointus des glaçons, causant des micro-lésions ou une récession gingivale, exposant ainsi la racine des dents.

Outre les impacts sur la santé dentaire et gingivale, la pagophagie peut indiquer une carence en fer ou anémie ferriprive. Une étude à La Réunion sur 495 adultes a montré que 13,7 % des sujets traités par perfusion de fer avaient ce symptôme, particulièrement fréquent chez les jeunes femmes anémiques. Un bilan ferrique peut être conseillé en présence de pagophagie.

Plusieurs théories pourraient expliquer ce lien.

Premièrement, une stimulation cognitive et neurologique : les individus avec une carence en fer peuvent expérimenter une baisse de vigilance et de cognition. Mâcher de la glace semble améliorer temporairement cet état, vraisemblablement par stimulation du système nerveux sympathique due au froid local. Ce phénomène procure un effet bénéfique qui encourage la répétition du comportement.

Il pourrait aussi y avoir un lien avec la dopamine et le système de récompense. Le fer participe à la synthèse de la dopamine, neurotransmetteur lié au plaisir et à la motivation. Ainsi, une carence pourrait altérer ce système de récompense, rendant certains stimulis sensoriels plus attrayants.

Enfin, ce trouble alimentaire pourrait s’expliquer par une autorégulation inconsciente ou une compensation face au déficit nutritionnel.

Les carences en fer sont courantes pendant la grossesse et peuvent avoir des conséquences graves pour le fœtus. Une pagophagie soudaine chez une femme enceinte devrait inciter à réaliser un bilan sanguin complet.

Comme boire de l’eau, manger des glaçons peut être vu comme un coupe-faim. Bien que cela puisse temporairement tromper la faim, cette sensation revient dès que l’eau quitte l’estomac. La consommation de glaçons n’induit donc pas de perte de poids, et n’est pas une pratique recommandée pour maigrir.

Quand la pagophagie est liée à une carence en fer, elle diminue généralement après une supplémentation de deux semaines. Si elle est due au stress, à l’ennui ou à des troubles sensoriels, des stratégies alternatives peuvent être envisagées.

D’autres alternatives incluent mâcher des feuilles de menthe fraîche congelées ou des pastilles glacées mentholées sans sucre.

On peut aussi occuper la bouche différemment, par exemple en mâchant du chewing-gum sans sucre ou des graines de fenouil.

En cas de stress, identifier les déclencheurs émotionnels et adopter des stratégies de compensation comme la respiration profonde ou la méditation peut être bénéfique.

Si le problème persiste, il est conseillé de consulter un médecin généraliste ou un psychologue.