Vivre dans une zone sous-dotée en soins médicaux
La difficulté d’obtenir des rendez-vous médicaux est une problématique rencontrée par de nombreux Français. Alice Guionnet, notre journaliste, s’est rendue à Meaux pour discuter avec Valentine et sa fille Zoé, qui partagent leur expérience et les stratégies qu’elles doivent adopter pour accéder aux soins de santé nécessaires.
À Meaux, principale ville de la Seine-et-Marne située à environ 60 kilomètres de la capitale française, l’idée d’un désert médical semble lointaine. Cependant, pour Valentine et sa fille Zoé, obtenir un rendez-vous avec un dermatologue relève de l’exploit, et consulter un gynécologue nécessite plusieurs heures de transport. Elles partagent leur quotidien avec notre reporter Alice Guionnet.
Ce qui suit est la transcription d’un reportage vidéo accompagnant cet article.
Valentine, quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour consulter un dermatologue ?
Valentine : Pour illustrer notre situation, je passe tous les jours devant un cabinet dermatologique situé à seulement 100 mètres de mon domicile, mais il est impossible d’y obtenir un rendez-vous, car il est toujours complet. Nous sommes pourtant dans la plus grande ville de notre département. La pénurie de médecins est palpable et cela est très décourageant. En conséquence, nous sommes moins suivis et moins soignés.
Je recherche un dermatologue car j’ai remarqué plusieurs nouveaux grains de beauté sur ma peau. En cherchant sur Internet dans un rayon de 30 kilomètres autour de chez moi, je trouve douze dermatologues, mais aucun n’est disponible. Notre communauté compte pourtant 110 000 habitants. Un second dermatologue s’est installé dans une ville voisine, mais son agenda est déjà saturé. Et la situation est identique pour les gynécologues.
Et vous Zoé, quel spécialiste avez-vous du mal à consulter ?
Zoé : Je n’ai jamais pu consulter un gynécologue. Habituellement, nous les jeunes filles, nous consultons le même gynécologue que notre mère. Mais il y a un tel manque de ces spécialistes ici que ma mère n’a même plus de gynécologue ! À presque 21 ans, je n’ai jamais vu de gynécologue.
Valentine : Je vis ici depuis 40 ans. J’avais des gynécologues, mais cela fait maintenant huit ans que je n’en ai plus. Les deux dernières sont parties à la retraite. Heureusement, une sage-femme que j’ai rencontrée lors de ma troisième grossesse continue de me suivre et réalise mes examens de routine.
À 20 ans, je n’ai jamais consulté de gynécologue.
Zoé, comment envisagez-vous votre suivi gynécologique ?
Zoé : Pour mon premier rendez-vous, je vais me rendre à Paris. C’est frustrant de devoir voyager aussi loin pour une consultation qui devrait être accessible localement. Pour atteindre ce rendez-vous, il me faut marcher 30 minutes jusqu’à la gare, puis ajouter 30 minutes de train et encore plus de 30 minutes en métro, soit plus d’une heure et demie de trajet.
Valentine : Il est clair que les zones rurales sont délaissées, mais les difficultés ne sont pas moindres dans les zones urbaines comme la nôtre.
Qu’est-ce qu’un désert médical ?
Cette section inclut un cadre explicatif concernant la notion de désert médical, complété par une vidéo explicative.
Loyse Bodros, sage-femme, quel est votre constat quotidien ?
Loyse Bodros : Le nombre de gynécologues a nettement diminué ces dernières années. En tant que sage-femme, je m’efforce de réserver des créneaux principalement pour la gynécologie, vu le besoin urgent. Par exemple, une jeune patiente souhaitant consulter pour la première fois pourrait se voir proposer un rendez-vous seulement en septembre, alors que nous sommes en février.
Notre rôle se limite souvent au dépistage et à la gestion de certains traitements. Lorsque des pathologies sévères sont diagnostiquées, il est compréhensible que les patientes se sentent désemparées.
Valentine : Heureusement, j’ai trouvé une sage-femme qui me suit depuis huit ans. Cependant, vivre en dehors de Paris nous fait sentir délaissés. C’est préoccupant pour la population et j’espère que des solutions seront trouvées rapidement pour pallier ce manque.
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