Le genu valgum, souvent appelé jambes en X, désigne une courbure des jambes où les axes des tibias divergent vers l’extérieur depuis les genoux. Gilbert Le Grand, pédicure-podologue et membre du Conseil national de l’ordre des pédicures-podologues, nous éclaire sur ce phénomène.
Moins courant que le genu varum, le genu valgum est une malformation angulaire des genoux qui tend généralement à se résorber naturellement pendant la croissance. Cependant, un suivi médical peut s’avérer nécessaire dans certains cas.
« Le genu valgum est caractérisé par une déviation externe des axes des jambes au niveau des genoux, par rapport à ceux des cuisses, quand les jambes sont étendues. Cela explique le terme populaire de “jambes en X” », explique Gilbert Le Grand.
Genu valgum contre genu varum (arqué) : quelles différences ?
Les principales distinctions entre ces deux conditions se situent dans l’alignement des jambes :
- pour le genu valgum (jambes en X), les genoux se touchent alors que les pieds sont écartés ;
- pour le genu varum (jambes en O), les genoux sont espacés tandis que les pieds se touchent.
« Pour maintenir leur stabilité lors de leurs premiers pas, les enfants ont tendance à écarter leurs jambes, précise le pédicure-podologue. Jusqu’à environ deux ans, le genu varum est considéré comme normal. Ensuite, à mesure que l’équilibre s’améliore, les genoux ont tendance à se rapprocher. Dans la plupart des cas, le genu valgum se résorbe de lui-même avec la croissance.»
Quelles sont les causes des jambes en X ?
Le genu valgum est souvent un phénomène physiologique et temporaire, mais certaines conditions peuvent l’encourager ou l’aggraver :
- la quête d’équilibre nécessaire à la station debout ;
- l’obésité : l’excès de poids augmente les contraintes sur les genoux et peut provoquer un genu valgum ;
- les troubles osseux ou métaboliques : le rachitisme (déficit en vitamine D), les anomalies du cartilage ;
- les conséquences de traumatismes : fractures mal consolidées, par exemple.
Genu valgum : quand consulter ?
Il est recommandé de consulter un pédicure-podologue si le genu valgum persiste au-delà de 3 ans ou si l’enfant présente des facteurs de risque comme le rachitisme ou une surcharge pondérale.
« À l’âge de 6 ans, les habitudes et le fonctionnement musculaire qui régissent la marche sont presque entièrement automatisés, affirme le spécialiste. Dès lors, il est difficile de modifier ces schémas musculaires inscrits dans les zones du cerveau qui gèrent les fonctions motrices. C’est pourquoi il est crucial d’intervenir le plus tôt possible.»
Comment diagnostiquer le genu valgum ?
Le diagnostic du genu valgum se base principalement sur un examen clinique, qui peut être complété par une radiographie si nécessaire.
« En consultation, le pédicure-podologue prend diverses mesures et les compare à des normes de référence. Si la déviation est légère et correspond à l’âge de l’enfant, une simple surveillance semestrielle peut être suffisante, précise Gilbert Le Grand. Mais si elle s’aggrave, un traitement approprié sera envisagé avant que la déformation ne devienne permanente.»
Genu valgum : quelles conséquences ?
Le genu valgum peut provoquer des douleurs articulaires (sur le côté externe du genou), une sollicitation excessive des hanches et des chevilles, des tensions musculaires ou tendineuses, des troubles de la marche ou de la posture, ainsi qu’une usure prématurée de l’articulation du genou (arthrose). « L’impact esthétique lié à l’apparence des jambes peut aussi avoir des répercussions psychologiques, notamment durant l’adolescence », ajoute le pédicure-podologue.
Est-il possible de pratiquer du sport ?
Il est tout à fait possible, et même conseillé, de pratiquer un sport chez l’enfant lorsque le genu valgum est physiologique ou modéré. L’activité physique contribue au renforcement musculaire, favorise une bonne posture, un alignement articulaire nécessaire à l’équilibre et aide à maintenir un poids sain. Optez pour des sports doux et symétriques tels que le vélo, la natation, la marche…
Kinésithérapie, semelles orthopédiques, chirurgie : comment corriger un genu valgum chez l’enfant ? Et chez l’adulte ?
La correction du genu valgum dépend de l’âge, de la gravité de la déviation, de la cause (physiologique ou pathologique) et des symptômes associés.
Chez l’enfant
« Dans la majorité des cas, le genu valgum disparaît progressivement avec la croissance et ne nécessite aucun traitement. Toutefois, si la déviation s’aggrave ou persiste après 3 ans, une orthèse plantaire peut être envisagée, explique Gilbert Le Grand. Ces semelles, qui agissent selon le principe de la stimulation neuro-musculaire, permettent de solliciter certains muscles et d’influencer la position d’un segment de membre.»
En présence de carences, notamment en vitamine D, un traitement de supplémentation peut être indiqué.
Des séances de kinésithérapie peuvent également être utiles pour équilibrer les chaînes musculaires et améliorer la proprioception (perception du positionnement du genou et de l’axe des jambes lors de la marche).
Dans les cas de déviations sévères, une intervention chirurgicale (ostéotomie) peut être considérée pour rectifier la déviation du genou.
Chez l’adulte
Des séances de kinésithérapie sont recommandées pour renforcer les muscles stabilisateurs du genou et du bassin. Comme le surpoids peut exacerber le genu valgum et accélérer l’arthrose du genou, une perte de poids est suggérée en cas de surcharge pondérale. Enfin, dans les situations les plus graves ou lorsque la déviation provoque une usure précoce de l’articulation du genou et des douleurs (gonalgie), une chirurgie peut également être envisagée.
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