Les piqûres de méduse et les réactions allergiques : comprendre et agir
Les piqûres de méduse, souvent très douloureuses, peuvent entraîner des réactions allergiques. Comment identifier les symptômes et quelle conduite adopter ? Le Dr Catherine Oliveres-Ghouti, dermatologue et membre du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV), nous éclaire sur ces questions.
Le changement climatique a pour conséquence l’augmentation du nombre de méduses sur nos côtes, augmentant parallèlement les cas de piqûres. « Les populations de méduses s’accroissent, confirme la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Leur principal prédateur, le thon, se fait de plus en plus rare dans la mer Méditerranée à cause de la surpêche. D’autres petits poissons qui se nourrissent de leurs œufs et larves, comme les sardines ou les harengs, diminuent également, réduisant ainsi le contrôle naturel de leur prolifération. De plus, les modifications climatiques entraînent une élévation de la température de l’eau, leur offrant des conditions optimales pour vivre et se reproduire.» Pour éviter une mésaventure avec ces créatures marines, informez-vous auprès des sauveteurs et prêtez attention aux signaux d’avertissement sur les plages.
Comment réagir face à une piqûre de méduse ?
Une piqûre de méduse provoque une douleur vive, souvent comparée à une décharge électrique, et s’accompagne de démangeaisons ainsi que d’une sensation de brûlure. « Si vous êtes piqué, quittez immédiatement l’eau et rincez la zone affectée avec de l’eau de mer, sans frotter, recommande le Dr Catherine Oliveres-Ghouti. Il est crucial d’utiliser de l’eau de mer et non de l’eau douce pour empêcher les vésicules de se rompre. Ensuite, éliminez les filaments urticants de la peau à l’aide d’un morceau de carton ou d’une carte de crédit. Lavez ensuite la zone avec de l’eau et du savon et appliquez une crème à base de cortisone. » La dermatologue ajoute : « Il est communément dit qu’uriner sur une piqûre peut aider, mais cela est inefficace et peut même augmenter le risque d’infection secondaire! »
Comment identifier une réaction allergique ? Quels en sont les signes ?
Malgré leur grande douleur, les piqûres de méduse sont généralement sans gravité et les lésions se résorbent en environ quinze jours. Cependant, certaines personnes peuvent développer une réaction allergique se manifestant rapidement par :
- une rougeur étendue dépassant la zone de contact ;
- un gonflement conséquent ;
- des douleurs persistantes ou une sensation de brûlure intense.
Ces symptômes locaux peuvent s’accompagner de manifestations plus générales :
- une urticaire généralisée ;
- une sensation de malaise ;
- des maux de tête ;
- des nausées ;
- une sensation de compression thoracique ou des difficultés respiratoires.
« Une allergie à une piqûre de méduse peut conduire à un choc anaphylactique, souligne la spécialiste. Il est essentiel d’appeler immédiatement le 15 (ou le 112) dès l’apparition de signes généraux. Une de mes patientes, lors d’un séjour aux Antilles, a été piquée lors d’une baignade : elle a subi un arrêt cardiaque et a dû être réanimée. Certaines espèces de méduses sont particulièrement venimeuses. »
Y a-t-il des méduses plus urticantes que d’autres ?
Les cubozoaires, aussi connus sous le nom de cuboméduses ou méduses-boîtes, sont parmi les créatures marines les plus venimeuses au monde. Une piqûre importante peut être fatale en quelques minutes. Cependant, ces méduses ne se rencontrent qu’en Australie, Asie du Sud-Est, océan Indien et mer de Chine. En France, les espèces présentes en Méditerranée, Atlantique et Manche peuvent causer de très douloureuses brûlures, mais elles ne sont pas mortelles. « Plus une méduse est colorée, plus elle est urticante », précise le Dr Oliveres-Ghouti. Ainsi, la méduse pélagique (Pelagia noctiluca), de couleur orange ou mauve, fréquente en Méditerranée, provoque des réactions urticantes significatives. Avec le réchauffement des océans, elle commence parfois à apparaître sur les côtes atlantiques. « Cette année, fin juillet, on note une présence accrue de physalies sur les côtes landaises et basques, continue la spécialiste. Il est important de ne pas les toucher, même échouées ou mortes sur la plage. »
Qui est le plus à risque ?
Tandis que toute personne peut développer une allergie à une piqûre de méduse, les personnes atopiques, déjà sensibles aux allergies (asthme, eczéma, rhinite allergique), sont particulièrement vulnérables.
Comment traiter une allergie causée par une piqûre de méduse ?
Face à une réaction locale sévère et des démangeaisons intenses, le traitement repose sur l’application de corticoïdes locaux (sous forme de crème) et, si nécessaire, la prise d’antihistaminiques oraux. En cas de doute, il est conseillé de consulter un pharmacien. En revanche, une réaction allergique généralisée représente une urgence médicale nécessitant une intervention rapide, avec des corticoïdes oraux ou injectables, selon la gravité de la situation.
Quelle est la durée des effets d’une piqûre de méduse ?
La durée des effets varie selon l’espèce de méduse, la sensibilité de la personne et la qualité de la prise en charge initiale. En général, la douleur peut durer de quelques minutes à plusieurs heures, la rougeur peut persister pendant un ou deux jours, et les démangeaisons peuvent continuer jusqu’à une semaine. Les marques ou stries cutanées, quant à elles, disparaissent généralement en deux à trois semaines.