Hygiène menstruelle : Conseils et bonnes pratiques
La gestion de l’hygiène pendant les menstruations soulève souvent de nombreuses interrogations chez les femmes. Combien de fois faut-il changer de protection ? Est-il nécessaire d’utiliser un savon spécial ? Le Dr Odile Bagot, gynécologue et auteure de Vagin et Cie, on vous dit tout !, apporte des réponses claires à ces questions.
Les menstruations, bien que naturelles, sont encore sujettes à des mythes et des tabous. En Afghanistan par exemple, 70 % des adolescentes cessent de se laver durant leurs règles de peur de devenir stériles. En France, des questions fréquentes émergent aussi sur les forums, concernant l’impact de la douche sur le flux menstruel ou les risques liés aux produits d’hygiène féminine, illustrant le besoin crucial d’information sur le sujet.
Comprendre les menstruations
Les règles, ou menstruations, sont définies par un saignement vaginal qui se produit mensuellement. Ce saignement est le résultat du détachement de la muqueuse utérine (endomètre) qui s’épaissit en prévision d’une potentielle grossesse qui, en l’absence de fécondation, est expulsée avec du sang.
Ce processus peut être accompagné de crampes abdominales, de fatigue, de maux de tête et de variations de l’humeur. Ces symptômes, bien que normaux, nécessitent une consultation médicale si ils deviennent trop intenses ou handicapants.
« Avoir ses règles n’est pas sale », insiste Odile Bagot. « Le sang, en lui-même, n’est pas porteur de germes, mais il peut favoriser la croissance bactérienne. C’est pourquoi il est crucial de se laver les mains avant et après avoir changé de protection hygiénique. »
Comment maintenir une bonne hygiène intime durant les règles ?
Il n’est pas nécessaire de recourir à des nettoyages intensifs ou à l’utilisation de produits agressifs. Une hygiène intime simple, régulière et douce est suffisante.
Opter pour une hygiène intime douce
Il est recommandé de maintenir sa routine habituelle d’hygiène intime quotidienne. Les femmes qui n’utilisent pas de tampon peuvent, si elles le désirent, procéder à un nettoyage supplémentaire pour leur confort. Cependant, si la flore vaginale est équilibrée, il n’y a pas de nécessité de nettoyages multiples car cela ne devrait pas causer de mauvaises odeurs.
Il est aussi conseillé d’éviter les produits parfumés ou les savons agressifs qui peuvent perturber l’équilibre de la flore vulvovaginale. Préférez un gel intime avec un pH neutre. « Médicalement, il n’y a pas de mesures spécifiques à prendre », confirme la spécialiste.
Changer régulièrement de protection
Il est important de changer de protection hygiénique régulièrement pour éviter les odeurs, les fuites et réduire le risque d’infections, telles que le syndrome du choc toxique. « Changez votre tampon toutes les quatre heures, adaptez le type de tampon à votre flux, et évitez de porter un tampon durant la nuit. Pour les coupes menstruelles, videz et rincez-les toutes les quatre à six heures maximum », explique Dr Bagot.
Les serviettes hygiéniques doivent être changées toutes les quatre à six heures durant la journée, et bien que les modèles de nuit soient plus absorbants, il est recommandé de ne pas les porter plus de huit heures.
Les culottes menstruelles peuvent être portées entre huit et douze heures, selon l’intensité du flux et le modèle, mais il est préférable de ne pas dépasser dix à douze heures pour limiter l’humidité et les irritations.
Se laver les mains efficacement
Étant donné que le sang menstruel peut encourager la croissance bactérienne, il est essentiel de se laver les mains avant et après avoir changé de protection. « Cela aide à réduire les risques d’infection et diminue également le risque de syndrome du choc toxique, une condition rare mais sérieuse », souligne Dr Bagot.
Surveiller les signes inhabituels
Une odeur anormalement forte durant les règles peut indiquer un problème et doit conduire à une consultation médicale. « Une odeur de ‘poisson pourri’ peut indiquer une vaginose, qui est un déséquilibre de la flore vaginale pouvant s’aggraver pendant les menstruations. Le traitement inclut généralement un antibiotique, comme le métronidazole ou le secnidazole, parfois accompagné de traitement local. Après le traitement, il est conseillé de restaurer la flore vaginale avec des probiotiques ou des prébiotiques », détaille la spécialiste.