Lorsque l’été pointe le bout de son nez, certaines personnes constatent une amélioration de leur acné, mais celle-ci a souvent tendance à s’aggraver à la rentrée. Quelles sont les raisons de ce phénomène et comment peut-on le contrôler ? Voici les explications et les recommandations de la Dre Marie-Estelle Roux, dermatologue à Paris.
Les personnes atteintes d’acné observent souvent une amélioration temporaire de l’état de leur peau sous les premiers rayons du soleil, une situation qui malheureusement ne dure pas et peut même entraîner une aggravation ultérieure de la condition.
Le soleil peut sembler bénéfique pour l’acné, mais il est crucial de connaître et d’éviter ses effets aggravants. Dre Marie-Estelle Roux.
- Les UVB du soleil produisent un effet anti-inflammatoire grâce à la vitamine D, ce qui peut atténuer temporairement les lésions inflammatoires.
- « Le soleil contribue également à assécher la peau, réduisant ainsi la production de sébum à court terme, ce qui clarifie la peau pour une période limitée », explique la spécialiste.
- De plus, le bronzage peut camoufler les imperfections, améliorant ainsi visuellement l’état de la peau.
Cependant, derrière cette amélioration temporaire, le soleil peut également exercer des effets qui contribuent à un effet rebond de l’acné quelques semaines plus tard.
« En outre, plusieurs traitements anti-acné sont photosensibilisants et donc à éviter en cas d’exposition solaire. Cela inclut les rétinoïdes, les antibiotiques oraux et le peroxyde de benzoyle », prévient Dre Roux. Ces traitements doivent être suspendus durant les périodes de forte exposition pour éviter des réactions cutanées sévères telles que des brûlures ou des taches pigmentaires.
Quelles sont les raisons du retour des boutons après ou à la fin des vacances ?
Le phénomène de rebond de l’acné post-exposition solaire peut être expliqué de deux manières.
« Sous l’influence des UV, la peau s’épaissit pour se protéger, créant une sorte de parasol naturel », explique la dermatologue. Cette épaississement de la peau peut entraîner une obstruction accrue des pores. De plus, après l’assèchement initial, la peau peut réagir en surproduisant du sébum.
C’est donc l’effet combiné de l’épaississement de la peau, des pores obstrués et de l’excès de sébum qui provoque le retour de l’acné sous forme de points noirs, microkystes et boutons inflammatoires, quelques semaines après une amélioration apparente. Dre Marie-Estelle Roux.
Cette acné post-estivale est souvent plus intense et plus résistante aux traitements habituels.
Les séances d’UV ont-elles le même impact ?
Environ 3 millions de Français utilisent les cabines d’UV pour obtenir un bronzage artificiel.
« Les rayons UV artificiels sont classifiés comme cancérogènes certains par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 2009 : ils sont formellement déconseillés, principalement en raison de leurs effets nocifs avérés pour la santé », insiste Dre Roux.
Il est estimé qu’une séance de 15 minutes en cabine UV est équivalente à une exposition intense au soleil (type Caraïbes), mais sans la sensation immédiate de brûlure. Si cette pratique est initiée avant l’âge de 35 ans, elle augmente de 59 % le risque de développer un mélanome, et 43 % des mélanomes chez les jeunes seraient liés à cette exposition.
« Concernant l’acné : les cabines d’UV ont précisément le même effet rebond que l’exposition solaire naturelle. Il est donc crucial de les éviter », ajoute la spécialiste.
Quelle protection solaire choisir pour une peau acnéique ?
Pour protéger efficacement sa peau tout en prenant soin de l’acné, il est crucial de choisir une crème solaire adaptée. « Les grandes marques dermatologiques disponibles en parapharmacie offrent des formules spécialement conçues pour les peaux à tendance acnéique, proposant des protections légères, non grasses et non comédogènes telles que Avène, La Roche-Posay, Bioderma, Ducray, SVR… », précise la dermatologue.
Ces protections empêchent l’épaississement de la peau et l’obstruction des pores.
Il est recommandé de choisir des crèmes à indice élevé (SPF 50) et de les réappliquer toutes les deux à trois heures lors d’expositions prolongées et après chaque baignade.
Le matin, évitez de superposer crème hydratante et crème solaire pour ne pas surcharger la peau. La crème solaire possède également des propriétés hydratantes. Si nécessaire, un sérum peut être appliqué juste avant la protection solaire. Dre Roux.
Pourquoi des boutons blancs apparaissent-ils parfois sur le visage en été ?
Pendant l’été, il n’est pas rare de voir apparaître de petits boutons sur le visage ou d’autres parties du corps exposées à la chaleur et à l’humidité. Ce phénomène n’est pas lié à l’acné mais à la sudamina, aussi appelée boutons de chaleur.
« Ce n’est pas directement le soleil qui est en cause, mais plutôt la chaleur et la transpiration qui stimulent et obstruent les glandes sudoripares, entraînant l’apparition de petits boutons blancs ou rouges », explique la spécialiste. Ce problème est fréquent chez les bébés mais affecte également les adultes, surtout ceux qui sont très exposés à la chaleur.
Que faire en cas de boutons de chaleur sur le visage ?
Ces petits boutons nécessitent des soins adaptés, différents des traitements anti-acné habituels. « Je recommande des produits à base de zinc et de cuivre pour leurs propriétés assainissantes, disponibles dans des gammes cicatrisantes telles que Dermalibour®, Cycaplast®, Cicalfate®… En soirée, après un nettoyage en douceur, l’application d’un antiseptique comme Dyaseptil® peut être bénéfique », conseille l’experte. Il est également important de boire beaucoup d’eau pour compenser la déshydratation due à la transpiration.
Quel impact le soleil a-t-il sur les cicatrices d’acné ?
En conclusion sur les dégâts causés par le soleil sur la peau, et en particulier sur l’acné, il est aussi néfaste pour les cicatrices laissées par les boutons.
D’une part, le soleil retarde la cicatrisation et d’autre part, il peut intensifier la pigmentation des cicatrices, menant à l’apparition de taches brunes qui peuvent persister longtemps. Dre Roux.
Ce risque d’hyperpigmentation est particulièrement élevé chez les individus à la peau mate ou foncée (phototypes 4, 5 et 6), mais également chez ceux à la peau claire si l’exposition est excessive.
Même les cicatrices plus anciennes, blanches ou atrophiques, peuvent devenir plus visibles car le contraste s’intensifie avec le bronzage environnant.
« Il est donc crucial, pour cette raison également, de protéger la peau du visage du soleil avec une protection totale (SPF 50) appliquée régulièrement toutes les deux heures, en insistant particulièrement sur les zones cicatrisées », conclut Dre Roux.