Médicaments pour cesser de fumer : avis d’un expert
Les traitements Zyban® et Champix®, utilisés pour aider au sevrage tabagique, ont souvent été associés à un risque de dépression. Selon Dr Anne Bretel, spécialiste en tabacologie, leur prescription devrait se limiter aux cas de forte dépendance tabagique. Découvrons son point de vue sur ces deux produits.
Le bupropion (Zyban®) et la varénicline (Champix®) sont deux substances pouvant soulager les symptômes de sevrage nicotinique chez les individus fortement dépendants. L’arrêt du tabac est essentiel pour améliorer la longévité et la qualité de vie, cependant, l’utilisation de médicaments affectant la chimie du cerveau est uniquement recommandée pour les fumeurs ayant échoué dans les autres tentatives de sevrage et extrêmement motivés. La Haute Autorité de Santé préconise leur prescription seulement après l’échec des substituts nicotiniques. Le Champix® a été particulièrement controversé en raison de ses effets secondaires.
Le fonctionnement du Zyban® (Bupropion)
Initialement utilisé comme antidépresseur psychotrope dans les années 1980 (bien qu’il ne soit pas indiqué pour cette utilisation en France), le Zyban® aide les grands fumeurs à contrôler leurs envies de fumer. Son mécanisme d’action n’est pas totalement élucidé, mais il semble augmenter l’activité de la noradrénaline et de la dopamine, essentielles dans la transmission nerveuse. Contrairement à d’autres antidépresseurs qui ciblent la sérotonine, le Zyban® agit sur la dopamine, neurotransmetteur fortement impliqué dans le système de récompense du cerveau et influencé par la nicotine.
Effets secondaires possibles
La découverte de son efficacité antitabac fut accidentelle, observée chez des patients déprimés qui arrêtaient de fumer sans difficulté. Cependant, le Zyban® peut causer de nombreux effets indésirables tels que nausées, vertiges, tachycardie, insomnies, cauchemars, risque de convulsions, augmentation de la pression artérielle, et est strictement contre-indiqué avec plusieurs médicaments et dans diverses conditions médicales. Ces limitations rendent sa prescription viable uniquement pour les fumeurs sévères, très motivés, n’ayant pas réussi à arrêter avec d’autres méthodes.
Durée du traitement
Le traitement par le Bupropion dure généralement deux mois et n’est pas remboursé par la Sécurité Sociale.
Comment agit le Champix® (Varénicline) ?
Approuvé aux États-Unis en mai 2006 et introduit en France en février 2007, le Champix® fonctionne de deux manières :
- Il se lie aux récepteurs nicotiniques du cerveau, réduisant le besoin de nicotine et atténuant ainsi les symptômes de manque.
- Il bloque les récepteurs à la nicotine, rendant le fait de fumer une cigarette moins satisfaisant, facilitant ainsi l’arrêt du tabac.
Risques et effets secondaires
Bien que souvent efficace, le Champix® peut causer des effets secondaires qui peuvent nécessiter l’arrêt du traitement, tels que nausées, maux de tête, insomnies, et cauchemars. Il a été critiqué pour potentiellement induire des pensées suicidaires, bien que ces effets soient probablement plus liés à la vulnérabilité psychologique des utilisateurs qu’au médicament lui-même. Une étude britannique de 2016 a cependant affirmé sa sécurité, poussant l’Union européenne à reconsidérer les avertissements précédemment émis concernant son utilisation.
Durée de la prescription
La durée de prescription du Champix® varie généralement de un à trois mois. Ce traitement est remboursé à 65% depuis mai 2017 quand il est prescrit après échec des autres méthodes et sous surveillance médicale stricte.
Le Champix® de retour sur le marché français
Après un retrait temporaire du marché en 2021 en raison de la présence de N-nitroso-varénicline, le Champix® est de nouveau disponible depuis le 16 juin 2025, conformément aux normes européennes.
Comment arrêter de fumer ? Quelles sont les aides disponibles ?
Aborder l’arrêt du tabac avec une attitude positive et en se faisant aider peut grandement augmenter les chances de succès. Les substituts nicotiniques, sans contre-indications majeures, peuvent être prescrits à une large gamme de personnes, y compris les femmes enceintes. Depuis janvier 2019, ils sont remboursés à 65% sur prescription médicale. Pour plus de soutien, des ressources comme www.tabac-info-service.fr et l’application mobile Resistabac peuvent fournir une aide précieuse.
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